Edito : le sort de l’Afrique encore sur la table européenne

18-3-2024 (AfrikMonde.com) La tendance pour gagner des élections en Europe semble désormais être le durcissement de l’immigration. L’Italie ne faisant pas exception à la règle, se voit élire Giorgia Meloni, d’extrême droite au poste de Première ministre. Il va s’en suivre des autorités italiennes, le refus de laisser accoster les migrants à bord de l’Ocean Viking en 2019.

Le navire sera accueilli à titre exceptionnel, après deux semaines, à Toulon en France. L’Hexagone dénonce le choix incompréhensible italien et, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, suspend en retour l’accueil de 3 500 réfugiés d’Italie supposés regagner la France.

De cette séquence, naît une brouille diplomatique entre Paris et Rome. Giorgia Meloni, rétorque et accuse la France et sa « monnaie coloniale », le franc CFA, d’être la cause des migrations venant d’Afrique subsaharienne.

En fond de toile, des dirigeants africains, on n’a obtenu qu’un bruyant silence. Alors, l’on se demande est-ce le flot ahurissant de corps sans vie qui échouent sur les rives européennes qui interpelle, ou l’exaspération en aval du système social du vieux continent pour ces quelques repêchés ? 

L’argumentaire de la partie italienne dans ce pseudo-conflit met donc à nu ces accords coloniaux… L’État français, à travers cette monnaie, est accusé d’être à l’origine de l’appauvrissement des populations en Afrique subsaharienne avec l’implantation de ses entreprises qui pillent les ressources du continent. Conséquemment, les nombreux désœuvrés africains face à leur destin, se retrouvent forcés à s’exiler vers l’Europe.

En effet, si des entreprises françaises implantées en Afrique jonglaient entre le franc Français et le franc CFA pour gérer leurs finances. Le franc CFA avec sa spécificité d’être arrimé au franc français, a constitué logiquement une opportunité pour leur implantation. Étant donné que le taux de change entre ces deux monnaies ne varie pas, cela constitue une opportunité évidente pour les succursales françaises, évitant tous risques de change à supporter.

Seulement le franc Français s’est éclipsé au profit de l’Euro, qui est désormais la monnaie d’échange entre Européens. Aujourd’hui, tous les pays de l’Union européenne dont la monnaie est l’Euro peuvent investir sans risque dans les 14 pays qu’englobent l’UEMOA et la CEMAC, y compris les entreprises italiennes. Le franc CFA n’étant plus ce qu’il était initialement, conserve néanmoins sa particularité vis à vis de l’Euro.

Deux ans plus tard, 2021 arrive en grande pompe avec le gouvernement ivoirien qui annonce une découverte majeure de réserves de pétrole brut et de gaz naturel associé, faite dans le bassin sédimentaire ivoirien.

Dans les rues de la Capitale, c’est l’exubérance ! Enfin, pour les Ivoiriens, l’émergence de leur pays n’est plus qu’une question de temps. Avec d’aussi alléchantes estimations, leur ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Thomas Camara, rassure. La Côte d’Ivoire pourra aisément s’inspirer des exemples du Qatar ou des Émirats, pour améliorer la condition de vie de ses concitoyens, redorer son blason : « Le potentiel peut être estimé, de manière préliminaire, à 2,5 milliards de barils de pétrole brut et 3 300 milliards de pieds cubes de gaz naturel associé », a expliqué le ministre. Il devrait permettre au pays de multiplier par 20 ses réserves d’or noir.

Il est tout aussi urgent de noter d’une part que cette découverte a été faite par la société italienne Eni, dans le bloc CI-101, en eaux profondes, opéré en consortium avec la société nationale PETROCI Holding ; Et d’autre part, du silence de l’exécutif de l’extrême droite Italien fort de leur rhétorique d’accusation hégémonique envers la France, vis à vis de ce plus que profitable gain de qualité.

À combien de pourcent cela contribuera-t-il au PIB italien quand la Côte d’Ivoire évoque 4% – tandis que les exportations de brut ne représentent que 15% du total des exportations du pays. Cependant, la part de bénéfices revenant à l’État Ivoirien dans la production de pétrole est de 14%.

À en croire les autorités ivoiriennes, ces 14% de l’exploitation dudit gisement devraient, à terme, permettre au pays de combler son déficit en gaz naturel pour la production d’électricité.

Pourquoi pas TOTAL – France, mais plutôt ENI – Italie quand on sait l’omniprésence du géant Français en Côte d’Ivoire ? Le différend produit par l’incident Ocean Viking, sur la Méditerranée, a-t-il été résolu avec un deal de pétrole en Côte d’Ivoire ?

On nous parlera sûrement d’appel d’offres, la Côte d’Ivoire n’ayant pas de raffineries. Mais, face à l’absurdité de ces 14% pour l’Etat ivoirien, nous attendons, raison gardée, toute autre argumentation contraire à la théorie du complot que nous inspire la conférence de Berlin de 1884 ou fut décidé le partage systématique de l’Afrique et l’installation de façon durable de ces sociétés de colonisation.

Kakou Nda

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