Edito/Côte d’Ivoire : l’impérieux challenge de maintien de la paix et de la stabilité face aux négatives influences

29-4-2024 (AfrikMonde.com) Dès le déclin de l’Empire romain, avec la Renaissance et les grandes découvertes, du début du Vᵉ à la fin du XVᵉ siècle, les rivalités économiques et les expansions commerciales ont conduit à la nécessité de créer des normes internationales pour régler les problèmes de frontières, protéger les colonies et lutter contre le piratage, histoire de maintenir la paix.

Ce concept de paix, de calme, contribue à l’absence de conflit et ou de guerre. Il correspond surtout à un idéal social et politique, condition sine qua non d’une soutenable santé morale, physique et financière des collectivités européennes. Félix Houphouët-Boigny, premier président ivoirien ne disait-il pas que la paix n’est pas un vain mot, mais comportement ?

Ainsi, des juristes comme Hugo Grotius ont proposé des projets d’organisation collective des siens pour l’établir. En parallèle, Emeric Crucé, moine français, animé du désir de paix (qui publie en 1623, le Nouveau Cynée ou Discours d’Estat représentant les occasions et moyens d’établir une paix générale et la liberté de commerce pour tout le monde), a introduit le premier plan d’une organisation internationale mondiale, invitant toutes les croyances à s’associer, car la paix était dans l’intérêt de tous.

Disons plutôt dans l’intérêt absolu de ces nouvelles puissances vouées à l’exploitation des contrées lointaines. La paix pour eux et le contraire pour les autres, victimes de ces initiatives qui vont inspirer la conférence de Versailles, érigeant les lois de pillage des colonies. Nous citons la naissance de la Société des Nations (SDN), précurseur de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

De nos jours, pour cette organisation, mais plus honnêtement, pour les autoproclamées membres permanents de son Conseil de Sécurité, des séries de contorsions juridiques ne servent qu’à tordre le droit international à leur profit. Au nom de la stabilité politique ailleurs, une des priorités structurelles que ce soit au niveau académique, politique ou sociétale, les puissants vont déguiser leurs réelles intentions derrière des séries de mesures pour arriver à leur fin, exploiter à leur guise leurs anciennes colonies ou leurs prés carrés respectifs. Anciennes de nom, tant leurs malversations dans les antichambres des organes qui dirigent ce monde se sont faites plus subtiles, tellement plus horribles, égocentriques et inhumaines mais, plus que jamais présentes. C’est l’alibi moderne derrière ces nombreuses résolutions émises par les Nations Unies, couvert du voile d’un humanisme des pays développés, en cheval de Troie pour des questions de stabilité politique. Élément très important dans le processus de développement économique d’un pays.

Le 8 décembre 1988 à cet effet, la Résolution 43/131 est adoptée en Assemblée Générale, constituant un jalon important dans le développement du droit international humanitaire. Elle admet que laisser des victimes de catastrophes naturelles et situations d’urgence du même ordre sans assistance humanitaire représente une menace à la vie humaine et une atteinte à la dignité de l’homme. Ceci en prenant en compte quelques points clés, dont le principe de souveraineté nationale, selon lequel premièrement, les Etats ont la responsabilité première de fournir une assistance à leurs propres citoyens. Secundo, la reconnaissance de la responsabilité de la communauté internationale de fournir une assistance aux Etats qui la réclament, conformément aux principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance.

De ce principe, un basculement s’opère et le passage d’assistance à ingérence a désormais des contours flous. L’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003 à partir d’un prétexte fallacieux finit de convaincre et fait de cette intervention une violation illégale du droit international.

Cette farce mondiale dite droit d’ingérence, concept controversé en droit international, fait référence à la possibilité pour un Etat d’intervenir dans les affaires intérieures d’un autre, sans son consentement. Ce, afin de protéger les droits de l’homme ou de poursuivre d’autres objectifs d’intérêt général, pourtant pas reconnu internationalement. Il n’existe pas de traité ou de convention qui l’établisse explicitement.

Dans son prolongement, le Général François Lecointre, général d’armée français, Grand chancelier de la Légion d’honneur, ex-chef d’Etat-major des armées, s’affiche partisan de ce droit d’ingérence en affirmant à visage découvert : “nous sommes obligés de recoloniser l’Afrique pour notre propre survie” – nous sommes bel et bien en 2024 pourtant…  La guerre civile en République Démocratique du Congo qui dure depuis 1998 à cause de leurs intérêts imbriqués, ne leur sert pas de leçon. Sans scrupule et sans remords, ils sont prêts à tout pour leur survie, dit-il !

Après la colonisation, le néocolonialisme et la mondialisation, il est important de noter que l’hégémonie occidentale n’est ni statique, ni monolithique. Elle continue d’évoluer au fil du temps comme en attestent les propos du haut militaire français. Ils n’interviennent pas pour empêcher des atrocités, telles qu’un génocide ou des crimes de guerre. Ils font fi de la souveraineté des Etats africains pour se prémunir illégalement de leurs atouts.

Ce général et tous ceux, nostalgiques du colon-dieu, sont responsables de la pauvreté et des inégalités économiques qui sévissent encore en Afrique, d’où l’absence de bonne gouvernance et la corruption. Les luttes pour le pouvoir et les ressources naturelles ne sont pas en reste. Les tensions ethniques et religieuses se retrouvent exacerbées. Voici le triste bilan de l’héritage du colonialisme et des Nations Unies tentaculaires. Ces conséquences dévastatrices provoquent des déplacements massifs de population, des pertes en vies humaines considérables, des violations des droits humains et des dévastations économiques. Nous n’omettrons pas la déstabilisation des pays voisins qui contribue à la propagation du terrorisme, tout ceci au nom d’une fameuse exhortation à la démocratie.

Par conséquent, avec des élections à la magistrature suprême dès l’année prochaine (2025) en Côte d’Ivoire, force est de constater que maintenir cette stabilité relative dont jouit le pays actuellement, est un challenge. La Côte d’Ivoire vient de loin avec son lot de morts lors de ses dernières élections. Au vu des nombreux défis persistants, entre ces bruits exogènes et tant d’autres revendications endogènes, consolider la paix et lutter contre toute forme d’inégalités est un “must”. Nous serions naïfs de n’admettre que le troisième mandat du Président a souffert de controverses en 2020. Un scrutin ouvert à tous, ne serait-ce que ça, aurait été sage et mettrait à nu les dénonciations de l’opposition vis-à-vis d’irrégularités du processus électoral. Des réformes politiques sont nécessaires pour apaiser les tensions que subsistent certaines régions du pays, notamment l’épineux problème de la corruption et son corollaire d’impunité.

A bon entendeur, notre salut, en dépit de toutes tractations étrangères, ne dépend que de nous !

Kakou N’da

AfrikMonde.com