Edito: pour les Anglo-Saxons, Palestine se lit Israël

15-4-2024 (AfrikMonde.com) “Si Israël n’existait pas, il faudrait l’inventer”, dixit Joe Biden, Président en exercice des Etats-Unis, pays détenteur de la bombe nucléaire. À 81 ans, un parallèle médical en dit long sur l’état de la situation du monde. Selon la médecine, la vieillesse s’accompagne parfois d’une difficulté à accomplir des tâches quotidiennes, des pertes de mémoire, d’incohérence ou encore des difficultés à s’exprimer. Autant d’éléments des symptômes de troubles cognitifs liés au vieillissement alors que du bureau oval d’oncle Joe, sont traités des dossiers complexes où se jouent la vie de tant de personnes à leur insu.

Après plus de cinq mois d’une guerre à sens unique, 32 000 civils tués, dont 9 000 femmes et 14 000 enfants, enfin, la première résolution exigeant un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, est adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unis, le 25 mars 2024. Un appel au droit à la vie de la charte universelle des droits de l’homme, du bon sens, maintes fois bloqué par les États-Unis. Ils se sont miraculeusement abstenus cette fois.

L’usage du veto américain pour Israël, à la tribune de l’ONU, a toujours entretenu le statu quo, et ce, malgré ces millions de cadavres ensevelis sous les décombres de Deir Yassine 1948, à Rafah 1956, à Jénine 2002, jusqu’à Gaza de 2002 à aujourd’hui. Un bien triste bilan d’inimaginables carnages et atrocités de l’armée dite la plus morale. Qu’est-ce qui a donc fait bouger les lignes alors que 226 résolutions adoptées par les Nations Unies sur le conflit israélo-palestinien depuis 1948, n’ont jamais été suivies d’effets?

Nous y sommes, 75 années d’occupation et un gouvernement à la suite d’un autre, jamais tenu pour responsable. Ce laisser-aller a fait naître un côté inhumain chez l’occupant israélien avec son armée au-delà de l’impunité, ne pouvant que se croire invincible. L’on perçoit, du difficile travail des journalistes, l’absurdité de la défense nationale de l’Etat hébreu contre des civils armés de lance-pierre. Elle se veut incoercible, équipée des dernières technologies des machines conçues pour défigurer, mutiler, tuer en grand nombre ceux considérés de souche inférieure, sans âme voire en deçà de l’animal.

Le monde entier regarde et admire en silence les prouesses de l’arsenal israélien made in USA. Toutes ces démocraties avec à leur tête la Maison Blanche, s’alignent. De leur union, se resserre davantage le goulot à la gorge de la Palestine. Comment comprendre la coordonnée remise en cause du soutien international à l’UNRWA après une simple accusation?

Une distraction suscitée par la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël à la Cour internationale de justice, dirait l’autre ! Plusieurs pays vont suspendre leurs aides à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, après qu’Israël ait arbitrairement accusé certains de ses employés d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre. La famine, érigée en arme de guerre, va finir par achever ceux épargnés in extremis par le déluge de bombes.

Tous les indices de l’immoralité sont écrits sur le mur du monde, criards devant la complicité tacite de tous. “A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis”, avait averti Martin Luther-King.

Ce monde, sous les auspices de ceux qui le dirigent, court droit à sa dérive. Notre humanité a perdu son âme. Demain, quel sort nous sera-t-il réservé, nous du cercle des opprimés ?

Ici, en Afrique, on connaît bien le revers de la colonisation. Elle t’inflige des stigmates tellement tenaces qu’il faudra, à des générations conscientes, des siècles pour s’y défaire. Toujours ces mêmes, pour qui l’irrationalité s’établit en norme, qui parcourent le globe, bouleversant l’ordre divin préétabli. Ils demeurent éperdument à la conquête du territoire d’autrui, de la chose de l’autre, ne semant en fait que le chaos et le désordre. Colombie, Honduras, Indonésie, Cambodge, Laos, Vietnam, Afghanistan, Philippines, Irak, Syrie, Yémen, la liste se veut longue…

L’histoire sur la zone continentale des États-Unis, comme par enchantement, nous interpelle. Les tribus autochtones ont perdu près de 99 % de leurs territoires historiques combinés à cause de la colonisation européenne et de l’expansion des États-Unis.

L’histoire se répète. En novembre 1947, au lendemain de la guerre mondiale, le projet Ouganda (Uganda Scheme), sous l’autorité de l’empire britannique, prévoit l’implantation de colonies juives d’Europe alors persécutées, au Kenya. L’échec de ce projet amène ces Anglo-Saxons à relocaliser les Juifs ailleurs, en Palestine – encore sous leur autorité. Une résolution prévoit la création de deux États, un Juif et un Arabe, avec Jérusalem comme une enclave administrée par l’ONU. La Ligue arabe s’y oppose, précipitant dans la foulée, la proclamation de l’État d’Israël. Dans la douleur s’en suivent jusqu’à nos jours, des représailles infligées aux autochtones qui n’ont pourtant aucun lien avec les nazis.

Cependant, une récente étude génétique de l’université Johns Hopkins à Baltimore dans le Maryland, montre que 97,5 % des Juifs vivant en Israël n’ont absolument aucun ADN hébreu ancien. Ils ne sont donc pas des Sémites et n’ont conséquemment aucun lien de sang plus ancien avec la terre de Palestine.

Seulement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’hésite pas à faire référence à la Bible pour justifier la présence du peuple qu’il dirige en terre sainte ainsi que les massacres en cours dans la bande de Gaza : “La Bible dit qu’il y a un temps pour la paix et un temps pour la guerre. C’est l’heure de la guerre ». Il va tantôt renchérir et faire allusion à Amalek en Exode 17 :16, ( « Parce que la main a été levée sur le trône de l’Éternel, il y aura une guerre de l’Éternel contre Amalek, de génération en génération. » ), un ennemi déclaré des Israélites, qui cherchait à les anéantir. Le commandement biblique ordonne sa destruction complète. Nul ne devrait être épargné, chacun d’entre eux y compris les bébés, les biens, le bétail – tout !

Ce n’est pas une coïncidence, le Premier ministre israélien reste une personne très calculée. Il se sert du prétexte de la terreur pour faire ombrage à sa chute dans les sondages. Aussi, l’intérêt renouvelé pour le canal Ben Gourion, une alternative proposée au canal de Suez, suscite des soupçons sur la connaissance d’Israël du déroulé des attaques du Hamas du 7 octobre. Il est maintenant établi qu’Israël a choisi d’ignorer plusieurs avertissements en amont.

De ce projet léonien, Israël prévoit de renflouer ses caisses à hauteur de 6 milliards de dollars par an, en frais de transit, sans oublier ce que pourrait rapporter l’exploitation des réserves de gaz au large de Gaza. Un contrepoids géostratégique au Canal de Suez égyptien, désormais sous tutelle des BRICS, avec ces 9.4 milliard de dollars de recette record au cours de l’exercice 2022-23.

Kacou Nda

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