Des dirigeants de PMNCH et de l’UIP opposés à l’abrogation en Gambie de la loi interdisant les mutilations génitales féminines

AfrikMonde.com (12-04-2024) Helen Clark, présidente du conseil d’administration de PMNCH ; Joy Phumaphi et Githinji Gitahi, coprésidents du comité de plaidoyer et d’engagement des partenaires de PMNCH ; Flavia Bustreo, présidente du comité gouvernance et éthique de PMNCH ; Martin Chungong, secrétaire général de l’Union interparlementaire disent non à l’abrogation en Gambie de la loi interdisant les mutilations génitales féminines.

En tant que principale alliance mondiale engagée pour la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents, y compris les plus vulnérables, PMNCH est profondément préoccupée par le projet d’abrogation de la loi interdisant les mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie. L’inquiétude est partagée par l’UIP, l’organisation mondiale des parlements nationaux, qui œuvre pour un monde où la démocratie et les parlements sont au service de la population pour la paix et le développement.

La proposition de loi introduite à l’Assemblée nationale, pour annuler l’amendement historique de 2015, comporte des risques importants pour la santé, les droits et la dignité des femmes et des filles dans le pays.

Les MGF constituent une grave violation des droits de l’Homme et une pratique néfaste ayant de graves conséquences sur la santé, notamment des complications physiques, psychologiques, reproductives et sexuelles. Les MGF sont associées à des risques accrus d’hémorragie post-partum, de décès périnatal, d’infections urinaires, de troubles menstruels et de problèmes de santé mentale tout au long de la vie des femmes et des filles.

En 2015, la Gambie avait fait preuve de leadership en matière de protection des droits et du bien-être des femmes et des filles en se dotant d’un texte sur l’interdiction des MGF. Cette loi fut et continue d’être une avancée majeure dans la protection des droits des femmes et des filles. Elle a été adoptée à l’issue d’un long processus de sensibilisation communautaire et de mobilisation sociale, fondées sur des recherches et des données documentant la pratique et les effets néfastes des MGF en Gambie. Son abrogation remettrait non seulement en cause ces progrès, mais perpétuerait également un cycle de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles.

 

Les conséquences de l’abrogation de l’interdiction des mutilations génitales féminines vont au-delà de l’individu et ont des implications sociétales plus larges. Elle réduirait à néant les progrès durement réalisés dans l’élimination des MGF et qui garantissent aux femmes et aux filles d’atteindre leur plein potentiel et de participer pleinement à la société gambienne. Elle envoie un message selon lequel les droits et la dignité des femmes et des filles peuvent être abrogés, sapant ainsi les efforts déployés pour parvenir à l’égalité des sexes et à la justice sociale. En outre, elle menace de réduire à néant des décennies de plaidoyer, de sensibilisation et de mobilisation communautaire visant à mettre fin aux mutilations génitales féminines en Gambie et au-delà.

 

PMNCH et l’UIP soulignent l’importance de respecter les normes et les engagements internationaux en matière de droits de l’Homme afin de protéger les femmes et les filles contre toutes les formes de violence et de discrimination. En tant que signataire de divers instruments internationaux, dont la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Protocole de Maputo), la Gambie a le devoir de respecter ses obligations envers son peuple et d’accorder la priorité à la santé et aux droits de sa population.

La lutte contre les MGF nécessite un partenariat à tous les niveaux. Les parlementaires peuvent élaborer et faire respecter des cadres juridiques complets. Les leaders d’opinion, y compris les chefs religieux, doivent s’exprimer fermement contre cette pratique. Les membres de la communauté, notamment les agents de santé, peuvent mener de puissantes campagnes de sensibilisation basées sur l’expérience vécue, en veillant à ce que les soins et le soutien aux survivantes soient intégrés dans les services de Santé Sexuelle, Reproductive, Maternelle, Néonatale, de l’enfant et de l’adolescent (SRMNCAH).

Nous exhortons l’Assemblée nationale et ses membres à sauvegarder la loi de 2015 interdisant les MGF, en protégeant cette réalisation durement acquise et en donnant l’exemple en matière de promotion des droits des femmes et des filles. PMNCH et l’UIP restent déterminés à fournir à l’Assemblée nationale tout le soutien nécessaire.

Nous nous engageons à apporter tout le soutien possible à la Gambie pour renforcer ses efforts de prévention et de lutte contre cette pratique néfaste par le biais d’actions multisectorielles. Il s’agit notamment de mettre en place des mécanismes d’application robustes, d’améliorer l’accès à des services de santé de qualité et de promouvoir l’égalité entre les sexes et les initiatives d’autonomisation des femmes. En outre, nous appelons à un engagement significatif avec les communautés, y compris les hommes et les garçons, afin de remettre en question les normes sexistes néfastes et de promouvoir un changement social positif.

PMNCH et l’UIP sont solidaires des survivants des MGF, ainsi que des organisations de la société civile, des activistes et des partenaires qui travaillent sans relâche pour mettre fin à cette violation des droits de l’Homme.

Ensemble, nous devons redoubler d’efforts pour protéger les droits et la dignité des femmes et des filles, et pour créer un avenir où chaque individu peut vivre à l’abri de la violence, la discrimination et des préjudices.

Sercom