Côte d’Ivoire : toujours en attente de cette réconciliation nationale qui tarde à venir !

21-12-2020 (AfrikMonde.com) Voici maintenant plus de deux décennies que la réconciliation nationale continue de cristalliser les débats en Côte d’Ivoire. Si les populations ne se sentent pas vraiment concernées par cette boutade à laquelle elles ne comprennent rien, d’autant plus que les rapports entre les différentes communautés n’ont jamais été altérés, du fait d’un quelconque conflit, les politiques en ont fait leur chou gras et ne cessent d’en faire le préalable de toutes leurs actions.

Fraîchement porté à la tête du pays, suite à une élection chaotique, Laurent Gbagbo jeta les bases de la réconciliation, le 9 octobre 2011, à travers le forum de la réconciliation nationale. L’objectif de cette rencontre qui s’étendra sur deux longs mois était de réunir les quatre principaux acteurs de la vie politique ivoirienne, dont la rivalité a été à la source d’affrontements politico-ethnique ; occasionnant officiellement 303 morts et des milliers de blessés au cours des élections générales en octobre et décembre 2000.

Deux mois après, plutôt que de les rapprocher davantage en vue d’œuvrer ensemble pour le développement de  la Côte d’Ivoire, le fossé s’est plutôt élargi entre Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et le général Robert Guéi. La virulence des discours prononcés par les proches de chacun de ces leaders, notamment ceux du Président Laurent Gbagbo situait déjà sur leur sincère volonté de taire leurs égos pour ne porter que l’intérêt supérieur des populations qui n’aspiraient qu’à la paix.

C’est dans ce contexte délétère, du fait de l’éloignement et des positions tranchées de chacun des leaders, que survient une tentative de coup d’Etat militaire dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, au cours de laquelle le général Robert Guéi est tué. Rapidement mué en rébellion armée, ce coup de force entrainera la scission de la Côte d’Ivoire en deux.

Toujours au nom de la réconciliation nationale, Laurent Gbagbo fit des concessions et favorisa la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale. Permettant ainsi aux partis significatifs, notamment des principaux leaders de l’opposition de participer à la vie de la nation. Au bout du compte, l’on constatera qu’à la vérité chaque membre du Gouvernement n’était préoccupé que par l’organisation de sa formation politique, pour les élections générales en perspectives.

La crise postélectorale de 2010 permettra de comprendre le jeu d’intérêt installé par les hommes politiques ivoiriens, au nom de la réconciliation nationale. Aujourd’hui, le Président Alassane Ouattara est attendu de pied ferme par une opposition qui, après avoir boycotté la présidentielle qui l’a porté à la tête de la Côte d’Ivoire, pour un autre mandat, 1er de la 3e République, selon ses partisans, ne cesse de réclamer, une fois encore, la réconciliation de tous les Ivoiriens.

Faisant suite à cette requête de l’opposition, le Chef de l’Etat ivoirien a créé un poste ministériel en charge de la réconciliation nationale, le jour même de son investiture, le lundi 14 décembre 2020, qu’il s’est empressé de confier à Kouadio Konan Bertin dit KKB, son adversaire lors du scrutin présidentiel du 31 octobre dernier. Bon vent à KKB et espérons qu’il relève le défi de la réconciliation tant réclamé par les hommes politiques.

Abdoul Kader Soumahoro

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