24-11-2022 (AfrikMonde.com) Des femmes de Yocoboué, sous-préfecture du département de Guitry, dans la région du Loh Djiboua dénoncent une discrimination dans l’accès aux prêts Fafci (Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire).
Ces femmes dénoncent des pratiques tendant à les empêcher d’avoir accès aux services du Fafci, le fonds qui leur donne droit à des prêts à taux réduits pour les aider à créer des activités génératrices de revenus ou à renforcer leurs activités. Le Fafci serait utilisé, selon ces dernières, à des fins politiciennes dans le département de Guitry. Elles reprochent le fait que les dossiers seraient traités avec discrimination, lésant ainsi les soutiens de la députée de la circonscription de Yocoboué et Lauzoua, l’honorable Nadine Gnéba.
« En 2015, quand le fonds a été mis à la disposition des femmes pour la première fois à Yocoboué, on n’a pas connu tout ce qui se passe aujourd’hui. Toutes les femmes qui le voulaient ont pu monter des dossiers et ont pu bénéficier de prêts. Mais aujourd’hui, c’est de bouche à oreille que les femmes sont informées dans un réseau. De ce fait, plusieurs femmes et associations de femmes n’ont pu être informées à temps de la disponibilité du fonds », accuse Brigitte Diecket, la présidente du mouvement 1000 femmes pour Nadine à Yocoboué.
Faisant remarquer qu’il fallait s’inscrire à la sous-préfecture puis à la Coopec pour remplir les formalités afin de bénéficier des prêts en 2015, les femmes qui s’estiment lésées, dénoncent le manque de clarté dans les procédures d’octroi de prêts Fafci.
A Guitry, la situation est similaire, ajoute Wohi Agnès, une commerçante de la localité qui relève qu’un grand nombre de femmes ont vu à chaque fois leurs dossiers rejetés, pendant qu’un petit groupe de privilégiées profite pour faire de la spéculation.
Kipré Gisèle qui espère bénéficier un jour d’un deuxième prêt, après un précédent qu’elle a remboursé entièrement, appelle ceux qui gèrent les fonds mis à disposition par la Première dame Dominique Ouattara à éviter d’ajouter la politique à l’affaire, au risque d’accentuer les souffrances des femmes.
« Il ne faudrait pas que l’octroi des prêts repose sur la politique. Nous, nous ne sommes pas politiciennes, nous voulons juste travailler. Nous devons tous avoir accès aux prêts pour mener nos activités. Laissez la politique loin de cet argent, car c’est notre Maman la première Dame qui veut nous aider. Ayez pitié de nous », plaide Gbézé Didiane.
Sa préoccupation est partagée par Mme Diecket Chantale et Mme Camara Clémentine que nous avons interrogées et qui demandent des éclairages sur les critères d’éligibilité et les frais afférents qui s’allongent au fil du temps. Mme Camara s’indigne du fait qu’il soit demandé à chaque femme une contribution de 2000 Fcfa pour l’organisation d’une cérémonie qui serait liée aux fonds et qui se tiendrait le samedi 26 novembre à Yocoboué.
Interpellé sur les préoccupations des femmes, le chef d’agence de la Coopec de Guitry, Nguettia Richard, s’est dit étonné de ces accusations, expliquant que c’est avec la plus grande clarté qu’il gère le dossier d’octroi des fonds Fafci aux femmes de Guitry et des sous-préfectures environnantes.
« Quand les fonds sont mis à disposition, tout le monde est informé ; les femmes qui sont intéressées s’inscrivent pour participer à la formation, monter des dossiers et quand elles sont retenues, chaque bénéficiaire se rend dans les locaux de la Coopec pour percevoir individuellement les ressources », soutient le directeur d’agence. Il précise que pour cette année 2022, ce sont des fonds de l’ordre de 150 millions Fcfa qui ont été octroyés pour aider les femmes. Les deux premières tranches de 50 millions Fcfa chacune, entièrement absorbées, ont profité à l’ensemble des localités, quand la troisième tranche, 50 millions Fcfa également, a été destinée exclusivement à la localité de Yocoboué qui était insuffisamment couverte, compte tenu de la distance qui la sépare de Guitry, le chef-lieu de département qui abrite l’agence de la microfinance.
« Nous attendons une autre vague de fonds Fafci qui sera destinée à toutes les femmes du département. Nous ne faisons pas de discrimination », ajouté N’guettia Richard.
Il déplore même que les femmes trainent les pieds quand il y a de la liquidité tout en faisant remarquer que certaines ont contracté des prêts mais n’arrivent pas à rembourser l’argent à échéance.
Tout naturellement, ces femmes ne peuvent bien évidemment pas solliciter de nouveaux prêts.
Relativement aux accusations de rançonnement, il exclut toute possibilité que cela relève de ses services, relevant que les femmes sont regroupées au sein d’une association.
I.B. (Avec sercom)
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