PDCI-RDA/Après le décès du président du parti : Quelle légitimité et quelle légalité pour faire élire le nouveau président après le président COWPPLI-BONY ?

27-9-2023 (AfrikMonde.com) Le Pardi démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) après le décès de son charismatique président, Henri KONAN Bédié le 1er août 2023, est à la croisée des chemins pour élire un nouveau chef. Au sein de la maison verte à Cocody, les débats font rage entre plusieurs clans. D’un côté, ceux qui s’activent pour un congrès précipité et de l’autre, ceux qui souhaiteraient enterrer dignement le chef avant de lui trouver un successeur. Cette situation suscite diverses interrogations.

Mais que disent les textes en pareille situation ? Cette question nous amène à nous interroger sur la légitimité et la légalité du futur président à élire. C’est à cet exercice d’ailleurs qu’est soumis le professeur Coffi Kpli Bony Philippe, nom ayant pour origine (Baoulé-Assandrè), devenu par contraction, COWPPLI-BONY Philippe.

De l’ethnie Ayaou, donc originaire de Bouaflé, COWPPLI-BONY Philippe, est un homme riche de sa probité et de son intégrité. C’est au nom donc de ses valeurs que le président Henri Konan Bédié en a fait un jeune vice-président en 2021, pour assurer la gestion de sa succession en tant que doyen d’âge des vice-présidents.

Agé de 91 ans, le successeur du président Bédié n’a guère d’ambitions personnelles, si ce n’est que d’assurer dans la cohésion, l’union de toutes les filles, tous les fils militants et sympathisants du parti, le passage du flambeau à une nouvelle génération pleine d’espérance. L’homme a donc à cœur de faire élire un nouveau président dont la légitimité et la légalité seraient incontestables. Il nous faut en la matière, s’interroger sur les textes du parti septuagénaire.

L’article 40 des statuts du PDCI-RDA stipule : Le Président du Parti est élu par le Congrès pour cinq ans. Il est rééligible. En cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du Président du Parti, l’intérim du Président du Parti est assuré par le Doyen d’âge des Vice-présidents. La durée de l’intérim ne peut excéder six mois, sauf si la durée du mandat restant à courir est inférieure ou égale à un an.

L’Article 43 du Règlement Intérieur du PDCI-RDA stipule : En cas de décès, de démission ou d’empêchement absolu du Président du Parti, l’intérim est assuré par le Doyen d’âge des Vice-présidents.

Le Secrétariat Exécutif reste en place.

L’intérim ne peut excéder six mois, sauf si la durée du mandat restant à courir est inférieure ou égale à un an. Avant la fin de la période d’intérim, il est procédé à l’élection d’un nouveau Président du Parti, à l’occasion d’un Congrès Extraordinaire convoqué et organisé par le Bureau Politique.

Comment garantir la légalité de cette succession ?

Il est souvent rapporté dans la presse que l’intérim ne peut excéder six (06) mois, excluant de fait une clause d’exception relative à la durée du mandat restant à courir.

Pour rappel, le mandat du président Bédié devait prendre fin en Octobre 2018 suite au XIIème congrès ordinaire de 2013. Ce mandat avait été exceptionnellement prolongé par un congrès extraordinaire en 2018 jusqu’à la tenue du XIIIème congrès ordinaire dont la date avait été arrêtée au 19 Octobre 2023 lors du Bureau Politique au mois de mai 2023.

Quelle était la durée du mandat restant à courir ?

Est-ce que la prolongation du mandat du président Bédié depuis 2018 viendrait à conclure que la durée du mandat restant à courir était indéterminée, comme certains le prétendent ?

Est-ce qu’à partir du moment où le bureau politique de mai 2023 avait fixé la date du 19 octobre 2023 pour le XIIIème congrès ordinaire, la fin du mandat du président était implicitement arrêtée à cette date ?

La réponse à ces questions est essentielle pour l’application ou non de cette clause d’exception en fonction de la durée du mandat restant à courir. En effet, le président Bédié nous a quitté le 1er août 2023, la durée du mandat restant à courir pourrait être limitée à deux mois et 19 jours, à date du XIIIème congrès ordinaire.

Ne sommes-nous pas de manière flagrante dans la clause d’exception ci-dessus évoquée dans l’article 40 ?

Congrès ordinaire ou Congrès extraordinaire à la fin de l’intérim ?

Reconnaître le principe de retenir l’organisation du XIIIème congrès ordinaire, reviendrait à admettre que la fin du mandat du président Bédié était déterminée par l’ouverture de ce congrès.

Reconnaître que la durée du mandat du président Bédié restant à courir était indéterminée, reviendrait à exclure le XIIIème congrès ordinaire. La période d’intérim devrait connaître son terme par l’organisation d’un congrès extraordinaire. Par quelle alchimie le président COWPPLI-BONY, qui assure l’intérim d’Henri Konan Bédié, pourrait-il alors conduire un congrès ordinaire, même si celui-ci était reporté à une date ultérieure ?

Si un congrès extraordinaire était organisé pour élire un nouveau président, quel serait la durée du mandat de celui-ci, 5 ans ou jusqu’au prochain congrès ordinaire ?

Les limites relatives aux six mois d’Intérim sous peine de la mise sous tutelle du parti

Selon certaines rumeurs persistantes, au-delà des six mois d’intérim, si le PDCI ne se dote d’un nouveau président, le parti de Félix Houphouët-Boigny pourrait être mis sous tutelle du ministère de l’intérieur. Qu’en serait-il alors de la clause d’exception qui pourrait ouvrir l’opportunité de proroger cette période d’intérim?

Comment assurer la légitimité de cette succession ?

Le caractère légitime de cette succession revêt un volet politique, social et culturel. ‘’Le président Bédié est un homme remplaçable mais difficile à remplacer’’, compte tenu de sa grandeur et de sa notoriété légendaire. Au plan social et culturel, Bédié est et demeure une figure emblématique de la tradition Akan, qui mérite respect et considération à tous égards et en particulier lors de ses obsèques. Pour l’inhumation d’une personnalité de cette envergure, il faut du temps, de la réconciliation, de la cohésion et enfin de l’union des filles et fils du parti, autour de sa dépouille au moment de l’ultime séparation. Ainsi, dans le respect de cette pure tradition, on ne peut conclure à sa succession avant son inhumation. Ce serait piétiner la mémoire du Grand homme que fut Bédié. Il est capital pour le président à élire, d’avoir pour lui, la légalité et la légitimité pour un PDCI prospère, fort et conquérant. La légitimité ne pourrait se confirmer que dans le temps octroyé à cette succession.

C’est à cet exercice que le président COWPPLI-BONY s’attèle. Professeur titulaire de médecine, COWPPLI-BONY entretenait avec le président Bédié des relations depuis leur vie estudiantine en France. Faut-il le noter, le Professeur COWPPLI-BONY a eu pour étudiants plusieurs ministres dont quatre ministres de la santé (le ministre Alphonse Djédjé Mady, Feu le ministre Alain Ekra, le ministre Maurice Kakou Guikahué et le ministre NDRI YOMAN) et biens d’autres éminents médecins.

Ex-maire de Bouaflé pendant 15 ans, le président COWPPLI-BONY est marié depuis 1964 à la première femme avocate de Côte d’Ivoire. Il est père de quatre (04) enfants dont deux médecins, et un pharmacien. On dit de lui être un homme réservé, courtois, respectueux et éloigné des intrigues politiques, en dépit de sa proximité avec le président Henri Konan Bédié, avec qui il a gardé de solides rapports, sans jamais penser qu’il assumerait un jour l’intérim de son plus jeune frère.

Frederick Konaté O. (oussoujuniorbamba@gmail.com)

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