Noufé Michel (Membre du Conseil politique du Rhdp) : «Il faut se battre car une élection n’est jamais gagnée d’avance »

Abidjan,20-07-2020 (AfrikMonde.com) A l’instar de nombreux cadres et militants du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la Paix (RHDP), le Directeur des moyens généraux du Trésor et de la comptabilité publique, par ailleurs, membre du Conseil politique et  coordonnateur associé de la région du Bounkani, Noufé Michel a participé activement aux obsèques du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly à Korhogo. Le vendredi 17 juillet à Korhogo, il s’est livré à nous. Entretien :

A la faveur des obsèques du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, vous étiez présent à toutes les étapes. Qu’est ce qui explique votre engagement personnel aux côtés de la famille du défunt ?

Je voudrais avant de répondre à cette question, revenir en arrière pour dire qu’il y a un peu plus de  deux mois, lorsque le Premier ministre quittait Abidjan pour Paris en vue de ses examens médicaux nous pensions que quelques jours plus tôt, il retournerait sur Abidjan. Malheureusement, le temps  est passé. Nous nous sommes posé  beaucoup de questions. Quand nous avons appris son arrivée le  jeudi 2 juillet 2020, c’était la joie dans nos cœurs non seulement, en tant que militants mais aussi en tant que proche de cet imminent personnage de l’Etat de Côte d’Ivoire. Lorsque nous l’avions vu descendre des marches de l’avion, qui le ramenait de Paris, nous étions tous heureux. Mais moins d’une semaine après, à la surprise générale, on nous annonce son décès sur les antennes de la télévision nationale (RTI). C’était le désarroi. C’était d’autant plus difficile que nous ne nous attendions pas à cet événement tragique. Moi particulièrement, j’étais au bureau ce jour-là, lorsque j’ai reçu les premiers coups de fil. Je me suis demandé, comment est-ce possible ? Est-ce vrai ? Ce ne sont pas encore le fait des réseaux sociaux ? Je me suis posé autant de questions. Car je n’y croyais pas. Il a fallu que le secrétaire général de la Présidence de la république vienne confirmer sur les antennes de la RTI pour que nous puissions croire à cette cruelle réalité. J’avoue que ce jour-là, c’était un peu comme si  le ciel nous tombait dessus. Et voyez-vous, au-delà de la surprise générale, nous avions du coup commencé à nous poser des questions. Voilà que le candidat Amadou Gon Coulibaly sur qui nous avions placé notre espoir  au niveau du parti, venait de nous lâcher à quelques mois seulement de la présidentielle tant attendue. A partir de cet instant, c’est vrai qu’il y avait non seulement la douleur, mais il fallait aussi penser à l’avenir. Bien évidemment, après lui avoir rendu les hommages dus à son rang, et je pense que c’est ce qui s’est passé comme vous-mêmes vous l’avez constaté. Après que l’Etat de Côte d’Ivoire, avec à sa tête le Président Alassane Ouattara a décrété une semaine de deuil national qui a couronné ces trois derniers jours, par les hommages populaires que nous lui avons rendus sur sa terre natale  ici même à Korhogo.

 » Le plus grand hommage que le RHDP peut lui rendre c’est la victoire

L’homme était grand. Il était compétent, il était un grand bosseur, il était un grand serviteur de l’Etat. Mais ce que je retiens aussi, c’est sa fidélité, sa grande loyauté à un homme qui, tantôt l’appelle son fils, tantôt l’appelle son petit-frère. Mais, pour ma part c’est beaucoup plus, une relation de père en fils tellement entre les deux hommes, il y avait un secret certainement que le commun des mortels ne pouvait pas comprendre. Aujourd’hui, il est parti au moment où notre parti s’y attendait le moins. Mais au-delà de l’hommage que nous lui avons rendu et qu’il mérite amplement, il faut penser à l’avenir. Et l’avenir c’est demain. Je pense que le RHDP est un grand parti. Le RHDP a des fondamentaux,  des racines nécessaires pour passer ce cap douloureux de son histoire. Je crois pour ma part que ce que nous devons faire au niveau du parti, c’est mettre davantage en exergue la mémoire de ce grand homme qui est parti. C’est de faire en sorte de gagner cette élection au soir du 31 octobre prochain. Pour moi le plus grand hommage, c’est de gagner cette élection. Vous allez me demander comment ? Je pense qu’au niveau du RHDP, il y a des hommes capables de relever ce défi.

nous devons nous donner les moyens pour gagner ces élections-là

Le parti regorge assez de compétences, des hommes valeureux, des hommes qui connaissent bien les rouages de la politique, de la diplomatie, les rouages de la gestion d’un Etat. Et celui qui sera choisi pour assumer le destin de notre parti pourra être à la hauteur de l’enjeu. Vous savez ? L’enjeu c’est la victoire. Il n’y a pas d’autres alternatives. Le plus grand hommage que le RHDP peut lui rendre c’est la victoire. Ainsi, dans sa  tombe il pourra dire, c’est vrai que je suis parti mais je demeure à leurs côtés et dans leur cœur, parce que l’idéal auquel je rêvais a été réalisé. A savoir que le RHDP a conservé le pouvoir d’Etat pour quelques années encore.  Le RHDP  aujourd’hui, au-delà de la douleur, ce parti avec son président, Alassane Ouattara, a les moyens. C’est vrai, on me dira quel type de moyens, mais moi je m’en tiens seulement aux hommes. Nous croyons qu’avec les efforts des uns et des autres, avec la solidarité prônée par le Président du parti, nous pourrons passer ce cap et regarder l’avenir sereinement.

Vous avez été le porte-parole de la délégation de la région du Bounkani en tant que l’un des éminents cadres. Quel message avez-vous apporté aux parents du défunt ?

Vous savez,  entre le Bounkani et le Poro, il y a des liens ancestraux. Et ces liens ancestraux se fondent sur ce que nous appelons les alliances inter-ethniques. Déjà à ce niveau, le Bounkani devrait jouer pleinement sa partition dans le cadre de l’organisation de ces obsèques. Nous sommes venus prendre notre part de deuil et dire que tout le Bounkani est avec la famille Gon Coulibaly. Dire aussi que la famille n’est pas seule dans ce deuil et qu’elle peut compter sur son allié, sur ses frères qui sont venus du Bounkani. Mais nous sommes venus aussi rappeler à cette famille, le travail fort remarquable  que leur fils a effectué  auprès du Président de la République SEM Alassane  Ouattara. Et le Bounkani a bénéficié aussi de la gouvernance de leur fils. En termes d’infrastructures, en termes d’adduction en eau potable, en termes de structures  sanitaires, en termes de routes. En tout cas,  sous la gouvernance de leur fils Amadou Gon Coulibaly, le Bounkani est sorti de sa léthargie. Aujourd’hui, quand vous êtes dans le Bounkani, c’est une région qui est en chantier. Et cela, grâce à cet homme. C’était  une façon à nous de dire à ces parents que vous perdez un fils mais sachez aussi que ce fils est des nôtres et que nous perdons avec vous, un grand homme. Voilà en substance le sens de notre message. Et partant de là, il faut voir la solidarité entre ces deux peuples. Le peuple du Bounkani et le peuple de la savane.

 Avant de terminer, vous êtes Conseiller politique du RHDP et coordonnateur associé de ce parti dans la région du Bounkani. Nous avions vu avec quelle dextérité vous vous êtes engagé dans votre région. Vous vous êtes personnellement investi aussi bien matériellement, financièrement, techniquement que physiquement pour la victoire  de feu Amadou Gon Coulibaly. Seriez-vous encore prêt à vous investir, à mouiller davantage le maillot pour soutenir le futur candidat de votre parti?

Je vous ai dit tout à l’heure que la plus belle façon de rendre hommage à ce grand homme, c’est de faire en sorte que le RHDP puisse remporter les élections prochaines. Et de ce point de vue, nous, en tant que militants, en tant que cadres de ce grand parti, c’est de nous donner utilement, de faire en sorte que les ambitions que nous avions avec Amadou Gon Coulibaly, puissent être les mêmes ambitions, la même détermination quel que soit le candidat qui sera choisi au sein du parti. Il ne s’agit pas ici de faire la différence entre les hommes. Pour nous, il s’agit de poursuivre l’œuvre. Il faudrait se mettre à l’esprit que nous devons gagner, ou du moins, nous devons nous donner les moyens pour gagner ces élections-là. Et les moyens pour gagner ces élections, c’est notre détermination, c’est notre engagement, c’est donner ce que nous avons de meilleur, sur le terrain et partout où le devoir nous appelle. Nous devons donc à ce titre, soutenir le candidat que le parti aura choisi pour compétir pour le compte du RHDP.

Monsieur le Directeur, nous sommes à trois mois des élections ; pensez-vous que ce temps-là est suffisant pour trouver un candidat pouvant vous rassembler et galvaniser tous les militants afin d’affronter le candidat de l’opposition ?

A priori, trois mois c’est court. Mais je suis tout à fait d’accord, qu’à trois mois ce sera difficile de pouvoir relever un tel défi avec un nouveau candidat qui va prendre corps avec le terrain et les militants sur toute l’étendue du territoire. Mais ce qui fait la force du RHDP, c’est la qualité et l’expérience de ces hommes. Et de ce point de vue, je pense que nous pouvons aisément avec toutes ces valeurs remporter cette élection. Mais en même temps, il ne faut pas dormir sur ses lauriers, il faut se battre car une élection n’est jamais gagnée d’avance. Aujourd’hui plus que jamais, tous les militants du RHDP sont conscients de ce défi-là. C’est pourquoi, je suis plus que convaincu que quelle que soit la date qui sera fixée, nous au RHDP,  nous  avons les hommes, nous avons les moyens, nous avons la logistique électorale nécessaire pour pouvoir gagner cette élection. Oui, je suis convaincu que la victoire est à notre portée. Encore une fois, que son âme repose en paix ici même sur la terre de ses ancêtres.

ND (Une correspondance particulière)