26-1-2024 (AfrikMonde.com) Alors que les cours des matières premières ont sensiblement reflué en 2023, le prix de la tonne de cacao a connu dans la même période une hausse spectaculaire jamais égalée depuis 1977 à New York. Ses gains ont dépassé 100% en l’espace d’un peu plus d’un an.
Sur le marché à terme de Londres, le cours du cacao se traite à 3 799 livres sterling. Du jamais-vu depuis 1989, date à laquelle débute la cotation sur Bloomberg. A New York, la tonne s’échange même contre 4 877 dollars.
A l’origine de la flambée historique des cours du cacao, les mauvaises conditions météorologiques en Afrique de l’Ouest, le vieillissement des cacaoyers et une maladie qui impacte négativement la productivité des champs. La récolte dans les deux principaux pays producteurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana, a été décevante.
Les deux Etats produisent 60% du cacao mondial. Pour la saison qui a commencé en octobre, seulement 951 710 tonnes ont été acheminées aux ports ivoiriens, soit 37% de moins que les saisons précédentes. Cependant, malgré les efforts conjugués de part et d’autre, les planteurs de cacao n’y profitent pas encore pleinement de l’envolée des cours.
La hausse des cours prend donc du temps avant d’arriver dans la poche des premiers acteurs de la chaîne de production de l’or brun. Le triste tableau de cette situation affiche environ 1 800 dollars pour les planteurs ghanéens et environ 1.600 dollars pour ceux de la Côte d’Ivoire.
A contrario, les planteurs des pays où les marchés sont libéralisés empocheront le pactole. Il s’agit principalement du Brésil, de l’Equateur, du Nigeria et du Cameroun.
L’Association nationale des exportateurs de cacao d’Equateur avoue son impuissance face au contrôle des prix. A la clef, si les cours montent sur les marchés à 4 000 dollars, 90% de cette somme est sont payés au planteur. Grâce à cette nouvelle manne, ces pays vont pouvoir immédiatement investir dans de nouvelles capacités de production.
A cet effet, l’Equateur s’est fixé pour objectif de rattraper, voire de dépasser le niveau de production du Ghana d’ici à 2030. Quant au Brésil, il espère doubler sa production d’ici à la fin de la décennie et recommencer à exporter sa production de cacao.
En Côte d’Ivoire et au Ghana où le système de fixation des prix joue en leur défaveur, les planteurs ne seront incités à cultiver davantage de cacao qu’à partir d’octobre prochain, avec la mise à jour des prix bord champ. Toutefois, les avantages liés à ce système se résument à la protection des planteurs pendant les années moins fastes.
Abdoul Kader Soumahoro
AfrikMonde.com