Interview/Elo Kouassi Evariste (Délégué régional du Conseil café-cacao du Lôh-Djiboua) : ‘’L’Union Européenne ne veut plus voir entrer sur son territoire les produits issus de la déforestation‘’

24-6-2023 (AfrikMonde.com) Dans cette interview qu’il nous a accordé au siège de la délégation régionale du Conseil café-cacao de Divo, le délégué régional du Lôh-Djiboua, Elo Kouassi Evariste, revient sur l’importance de l’agroforesterie. Il parle également de la lutte contre le travail des enfants dans la cacao culture.

Quels sont les enjeux de l’agroforesterie et pourquoi cette campagne de sensibilisation ?

Nous définissons l’agroforesterie comme la combinaison d’une culture et d’arbre fruitier. Dans le cadre de la filière café-cacao, c’est la combinaison d’arbres fruitiers ou forestiers.  Il faut dire qu’après la grande réunion du mois d’avril 2023 qui a réuni les acteurs de la filière café-cacao, du ministère de l’Agriculture, du ministère des Eaux et forêts ; ainsi que des Ongs œuvrant dans la protection des forêts, les structures concentrés c’est-à-dire les directions régionales et autres ont été instruites à l’effet de mener une campagne de sensibilisation dans le cadre de l’agroforesterie. Ces tournées ont eu lieu dans l’ensemble des départements des 13 zones de couvertures.  Au niveau de notre zone de couverture, nous avons terminé cette tournée de sensibilisation qui nous a conduit respectivement à Lakota, Divo, Guitry, Tiassalé et Taabo. Ces tournées étaient présidées par les préfets de départements.  L’idée était de sensibiliser sur l’agroforesterie. En résumé, nous avons dit qu’en Côte d’Ivoire c’est pratiquement au cours de ces trente dernières années que le couvert forestier a été fortement détruit et dégradé. Ainsi, nous sommes passés dans les années 1990 de 7,5 millions d’hectares d’arbres dans la foret à seulement 2,9 millions d’hectares de forêts en 2021. C’est pratiquement 420 millions d’hectares de forêts qui ont été détruits. Et cette superficie correspond à la superficie du territoire de l’Union européenne. Cette situation a pour conséquence le changement climatique. Qui se caractérise par le réchauffement du climat et le déséquilibre de la pluviométrie. Cette situation se caractérise aussi par la perte de la biodiversité. Comme conséquence direct c’est l’économie mondiale qui est fortement menacée et chez nous en Côte d’Ivoire, notre agriculture qui est essentiellement basée sur l’agriculture et sur la cacao culture est fortement menacée. Pour rappel, le cacao c’est 15% du Pib en Côte d’Ivoire et 40% des recettes d’exportations. Comment améliorer durablement la filière ? Comment assurer le développement durable de la filière café-cacao ? C’est face à cette situation que l’Etat de Côte d’Ivoire a pris des mesures. Comme mesure, l’Etat a instruit le Conseil du café-cacao à l’effet de trouver une situation à la déforestation. Pour rappel, il faut noter que le cacao est accusé à tort ou à raison comme l’élément de la dégradation de nos forêts. Depuis trois années, le Conseil café-cacao a mis en place un ambitieux programme de reforestation et de d’agroforesterie. Ce programme permet de mettre à la disposition de nos producteurs, de manière gratuite, 60 millions  d’arbres. Ce programme se déroule très bien sur le terrain avec notre partenaire le Conseil agricole qui est l’ANADER.

Pensez-vous que ce message est bien perçu par les producteurs ?

Nous avons expliqué le message et nous avons été heureux parce que partout où nous sommes passés les débats ont été francs et cordiaux. Surtout au niveau de l’appartenance de l’arbre planté. Aujourd’hui, planter de l’arbre n’est plus une option. C’est une obligation surtout que l’Union Européenne vient de prendre une nouvelle réglementation qu’elle a appelé réglementation zéro déforestation. Dans le courant de ce mois de juin dans tous les Etats de l’Union Européenne, cette loi sera promulguée et passera dans le journal officiel. L’Union Européenne ne veut plus voir entrer sur son territoire les produits issus de la déforestation. Je cite le café, le cacao, l’hévéa, le palmier à huile et les produits dérivés. Donc quand vous regardez de près c’est l’ensemble de nos produits agricoles qui est menace et dans le cadre de sa politique de veille l’Etat n’a pas attendu cette réglementation. Déjà l’Etat a instruit ses structures pour prendre des dispositions pour faciliter l’agroforesterie.

Il y’a également un autre fléau qui menace le cacao en Côte d’Ivoire. C’est le travail des enfants. Quelle est la situation dans votre zone ?

Au niveau de la lutte contre le travail des enfants il faut dire que cette bataille est aujourd’hui gagnée par l’Etat de Côte d’Ivoire.  En effet, sous l’auspice de la Première dame, Madame Dominique Ouattara, l’Etat a mis en place un organe qui est le Comité national de suivi et de lutte contre le travail des enfants. Cet organe a mené des missions auprès des partenaires pour expliquer ce qui est réelle en Côte d’Ivoire. En même temps, cet organe à sensibiliser nos parents contre ce qui est appelé le travail des enfants. En interne au niveau du Conseil café-cacao il faut dire que depuis pratiquement un an, il y’a des agents qui ont été recrutés  et qui ont  pour mission de suivre l’activité de la traite et du travail des enfants que nous avons appelé agents vérificateurs de la lutte contre le travail des enfants.  Ces agents sont avec nos parents sur le terrain, ils ont une mission de sensibilisation d’éveil et de suivi.

Réalisée par S. Kouamé, correspondant

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