Edito : l’équation Thiam

14-2-2024 (AfrikMonde.com) Briguer la magistrature suprême, semble être une chute prisée pour certains prodiges africains qui ont brillé de tout feu dans divers horizons, loin des frontières du continent. Seulement, contrairement à ceux qui s’extasient face au retour d’un des leurs, alors occidentalisé, le changement de mentalité laisse entrevoir très souvent que leur rapprochement avec l’Occident n’augurerait pas bonne presse.

En 1995 déjà, George Weah, attaquant de renom, remportait le Ballon d’or du meilleur joueur d’Europe. Il ponctuera en 2018 son parcours de la présidence de la République du Liberia.

De même, Cheick Modibo Diarra, astrophysicien diplômé de l’Université Pierre-et-Marie-Curie de Paris sera recruté en 1984 par une succursale de la NASA aux Etats Unis, et bientôt Directeur du Programme éducatif Mars. Dès 2011, il s’invitera en politique dans son pays natal : le Mali. Candidat malheureux du scrutin de 2013, ses 2,8% de voix ne l’empêcheront pas de récidiver en vain en 2018 et en 2022.

Denis Mukwege, du côté de la République Démocratique du Congo (RDC), gynécologue hors pair, a reçu de nombreuses distinctions outre-mer pour son engagement contre les mutilations génitales pratiquées sur les femmes. Il lui sera décerné le prix Sakharov en 2014 et le prix Nobel de la paix en 2018, pour ses efforts contre les violences sexuelles en tant qu’arme de guerre. Candidat surprise à l’élection présidentielle de 2023 en RDC, il passera inaperçu aux yeux des près de 43 millions de Congolais aussi bien pendant la campagne et après la confirmation des résultats où il n’atteindra pas 1%.

Alassane Ouattara, économiste de profession, occupera d’importants postes au Fonds monétaire international (FMI) – EU, ainsi qu’à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO – prolongement de la Banque Centrale française). Après un cursus universitaire auprès de l’Institut de technologie de Drexel et de l’université de Pennsylvanie. Il obtiendra un doctorat d’État en sciences économiques en 1972.

Premier à exercer la fonction de Premier ministre de Côte d’Ivoire, de 1990 à 1993, il sera candidat à l’élection présidentielle de 2010. Il est élu président de la République depuis 2011 et y demeure à ce jour.

A LA VUE DE CETTE LISTE NON-EXHAUSTIVE QUI ILLUSTRE NOS PROPOS, QUE DEVONS-NOUS ATTENDRE DE TIDJANE THIAM ? Diplômé de l’École Polytechnique et de l’École des Mines de Paris. Lui, qui a fait ses marques à McKinsey & Company domiciliée à New York – EU, a atterri à Abidjan au Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD). Son passage à la tête du ministère du Plan et du Développement a hélas été écourté.

Serait-il légitime que jugement lui soit donc porté seulement après qu’il parachève ce qu’il aurait abruptement interrompu à cause du coup d’Etat militaire de 1999 ?

Il est alors de notre devoir de nous interroger en amont sur son second acte en Côte d’Ivoire, lui qui vient de prendre les rênes du plus vieux parti politique de Côte d’Ivoire : le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). S’inscrira-t-il dans le nombre pour faire gonfler les statistiques ou saura-t-il déjouer les pronostics pour être au diapason de cette nouvelle génération africaine ?

Néanmoins, l’ex-directeur de Credit Suisse aurait de nouveau été contraint de raccourcir son mandat pour n’avoir jamais cessé d’être vu en Suisse comme quelqu’un qui n’était pas à sa place, explique le journal New-yorkais. En cela, la rumeur gagne du terrain en Côte d’Ivoire : s’il ne fait pas leur affaire, il devrait certainement faire la nôtre !

Toujours selon ses adeptes, avec un carnet d’adresses tout aussi fourni sinon plus, ainsi qu’une aisance économique acérée, éprouvée et prouvée, leur Président Thiam afficherait de meilleurs arguments pour 2025, année de la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire. Si confiance il y a, les aguerris des rouages politiques en mode ‘’wait and see’’ exhortent à plus de sagesse par contre.

Kakou Nda

AfrikMonde.com