Edito/Guerre climatique au Sahara, une autre bactériologique en RDC : à qui profitent les catastrophes ouvertes en Afrique ?

La République démocratique du Congo (RDC) en proie à une grave épidémie de la variole du singe.

9-9-2024 (AfrikMonde.com) La question du « but de la guerre » aussi ancienne que complexe évolue avec le temps. Pour celles qui s’importent sur le théâtre africain, les raisons invoquées font attrait à la défense d’idéaux exogènes, à des représailles pour qui s’y opposerait et enfin à l’enjeu du contrôle des ressources naturelles.

La guerre sur le continent est d’un paradoxe insultant. Comment les Africains qui n’arrivent pas à se nourrir ont de quoi payer des armes ? Pensant à Senghor, aussi émotifs qu’ils soient, leur manque de raison hellène pourrait-elle les pousser à s’auto éliminer ? Ventre plein, nègre content, est un adage qui prouve que l’Africain ne peut en aucun cas abandonner autant de délices à sa portée en se donnant la mort.

Héritier d’un environnement riche et varié, l’étiquette d’un être suicidaire ne lui colle conséquemment pas au génome. A qui profiterait donc sa disparition ? Peut-être à ceux qui entretiennent le mythe de l’Afrique sans les Africains, dirait l’autre. Savoir à qui profiterait le crime, déguisé en guerre, est un classique qui aiderait à dénicher le coupable.

Il ne s’agit pas de victimisation. Mais, la guerre, prolongement ou manifestation d’une hégémonie occidentale, s’est faite plus subtile à l’image du néocolonialisme qui porte encore les empreintes du colon. Des concepts nouveaux titillent avec dame nature. La « guerre climatique » qui évoque une perspective alarmante où des alibis liés au changement climatique pourraient bien être une de ces nouvelles approches pour qui aurait les moyens.

Bien que cette idée semble être tirée de la science-fiction, elle devrait être prise au sérieux dès lors où des brevets de manipulations des conditions climatiques ont été attribués. Zbigniew Brzezinski en 1970, déjà, avançait : « La technologie va doter les dirigeants des principaux pays de techniques capables de mener en secret une guerre dont seules des forces de sécurité réduites au minimum seraient au courant (…) on pourrait utiliser des techniques comme la modification des conditions climatiques pour engendrer des périodes prolongées de sécheresse ou d’orage. »

Un lien entre le changement climatique et les conflits régionaux devient donc réalité. D’ailleurs, si le changement climatique provoquant la rareté des ressources ou alors des catastrophes naturelles, des migrations climatiques ou la dégradation de l’environnement, bien que ne déclenchant pas directement les guerres, peut en revanche exacerber les tensions existantes et créer de nouvelles sources de conflit.

L’Afrique subsaharienne dépendant fortement de l’agriculture, où les sécheresses et les inondations peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire et la stabilité politique est par excellence une des régions des plus vulnérables. Une vulnérabilité en outre éprouvée et exacerbée avec la menace silencieuse d’une éventuelle guerre bactériologique.

Ce n’est chose nouvelle du côté de la RDC où des agents pathogènes, bactéries, virus ou toxines infligent à intervalles répétitifs des dommages à un ennemi inoffensif, gênant et pauvre, afin qu’il disparaisse des champs d’exploitations de minéraux. Dans ces guerres biologiques, contrairement aux armes conventionnelles, le mal peut se propager rapidement de manière imprévisible, causant des épidémies aux nombreux décès. L’usage d’armes biologiques, notamment par l’Allemagne nazie et le Japon impérial lors des deux guerres mondiales, reste un témoignage parlant de l’histoire.

Malheureusement, les développements scientifiques du XXe siècle ont permis de rendre cette pratique bien plus meurtrière et précise. Que ce soient des bactéries, Anthrax, peste, choléra, etc., des virus, variole, fièvre hémorragique, etc., ou encore des toxines, Botuline, ricine, et autres, cette diversité mortelle atteint son paroxysme avec l’entrée en scène des épidémies telles qu’Ebola ou récemment, la variole du singe.

Ces hypothèses rapportées à la réalité au Mali, pays sahélien connu à faible pluviométrie, interpelle. L’état de catastrophe nationale s’y voit déclaré en juin 2024 suite à des inondations meurtrières qui font une trentaine de morts et 47 374 personnes sinistrées.

Si crime il y a, guerre climatique en l’occurrence, à qui profiteraient ces potentialités minières exceptionnelles dont dispose le Mali ? Selon la Banque de France, le pays possède près de 1 million de km² de bassin sédimentaire, d’importants gisements de gaz et d’uranium, plus de 2 milliards de tonnes de réserves en minerai de fer, des réserves de bauxite estimées à 1,2 milliard de tonnes et des réserves de manganèse de plus de 20 millions de tonnes.

Avec 45,9 tonnes d’or produites, l’exportation de l’or a rapporté 856,9 milliards de FCFA, confortant ainsi le Mali dans sa place de 3ième producteur africain de métal jaune, derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Dans le domaine pétrolier et gazier, les travaux ont permis de révéler cinq bassins sédimentaires prometteurs.

Au Niger voisin, réputé pour ses sécheresses récurrentes, un bilan fourni par la Direction générale de la protection civile en août 2024, fait état de 235 personnes tuées dans des inondations et 463 293 autres sinistrées. Le Niger aussi désertique qu’il soit, présente un profil économique fortement influencé par l’exploitation de ses ressources naturelles, en particulier l’uranium et le pétrole. Si une quelconque manipulation des intempéries est avérée, à qui profiterait l’exploitation de ces deux principales sources de revenus ? 

Au Burkina Faso, du jamais-vu ! De fortes pluies et des vents violents secouent plusieurs régions et entraînent la mort de 12 personnes laissant plus de 25 000 sinistrés selon le dernier bilan officiel. Si la guerre climatique est également avérée, à qui profiterait l’exploitation du quatrième producteur d’or du continent ? Disposant en outre d’un potentiel gisement de manganèse de niveau mondial ainsi que de ressources en nickel, phosphate, fer, graphite, plomb, pyrite et antimoine, qui serait l’heureux bénéficiaire d’une telle manne financière ?

Même son de cloche au Tchad qui fait face à des inondations sans précédent depuis 2022. Quelque 1,3 million de personnes dans 18 provinces sur les 23 que compte le pays ont été touchées par les inondations, dont plus de 350 mille ont été obligées de quitter leurs foyers, selon les Nations Unies. Ces spectaculaires torrents au pays du désert de Djourab reviennent à se demander qui veut profiter de ses gisements d’or, de diamant, de fer, de bauxite, de sel et de natron – sans oublier le cuivre, l’étain, le tungstène, le graffite ? Au plus d’un millier de militaires français, répartis entre les trois bases de Faya-Largeau au nord, d’Abéché à l’est et la base aérienne 172 de la capitale N’Djamena ? Remarquons qu’après le départ forcé des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le Tchad reste le dernier bastion de leur présence stratégique et géopolitique au Sahel.

En Afrique centrale, c’est du déjà-vu en RDC. Une double épreuve sanitaire, entre Ebola et la variole du singe, maintient une menace grave pour la sécurité humaine, mettant à rude épreuve le système de santé déjà fragilisé. Le docteur Tedros a indiqué que plus de 18 000 cas suspects de mpox avaient été signalés depuis le début de l’année, dont 629 décès. Cela inclut plus de 5000 cas et 31 décès dans les provinces orientales du Nord et du Sud-Kivu, où la nouvelle souche de clade 1b s’est propagée.

Si guerre biologique il y a, à qui profiteraient toutes ces ressources naturelles exceptionnelles, dont est doté le pays que certains se plaisent à qualifier de scandale, notamment des minéraux tels que le cobalt et le cuivre, un potentiel hydroélectrique, des terres arables importantes, une biodiversité immense et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde ?

Ces nouvelles formes de déstabilisation ont tout de l’arbre qui cache la forêt. La doctrine du « diviser pour régner » se heurte à la majeure partie de l’opinion publique africaine. Les reproches aux anciennes puissances coloniales, notamment la France, de continuer à exercer une influence néocoloniale sur les affaires intérieures des pays du continent noir, dérangent.

Des décisions politiques, économiques ou militaires prises par les pays occidentaux sont perçues comme une ingérence dans les choix souverains des nations africaines en quête de liberté. Les exploitations des ressources naturelles pas en reste, souffrent d’inéquation dans les accords économiques et les investissements étrangers, notamment dans le secteur minier, de plus en plus perçus comme déséquilibrés et favorisant les intérêts des entreprises occidentales au détriment des populations locales.

Le temps du mutisme semble être révolu. La jeunesse africaine n’attend plus son élite bien souvent frappée d’inertie politique. Elle n’attendra plus que la case du voisin parte en feu pour se rendre compte que n’importe qui pourrait être le prochain sur la liste. Elle s’oppose à ces nouvelles formes d’instabilités aussi brutales que cruelles, que certains s’évertuent à qualifier de réchauffement climatique.

Par Kakou Nda

AfrikMonde.com