5-8-2024 (AfrikMonde.com) Alourdi communément de l’impérialisme occidental, l’Orient avec la Chine en fer de lance, atteint des sommets de développement à donner le tournis tandis que l’Afrique, qui se targue berceau de l’humanité, n’est que l’ombre d’une civilisation vaillante seulement dans les livres d’histoires. Pendant que la jeunesse asiatique semble donner une définition nouvelle au dynamisme, sa contrepartie africaine, excellente dans la victimation, n’a de dynamisme que dans son explosion démographique.
La comparaison entre l’Afrique et l’Asie qui s’invite au débat, tire son essence d’un passé récent ou ces deux espaces géographiques avaient des indices de développement pratiquement similaires. À la lumière d’un écart qui ne cesse de se creuser ces dernières décennies, questionnements et explications animent des débats anthropologiques.
Un début de solution pour certains, s’assimile au refus de faire porter à autrui les incapacités de son élite, bien que les dirigeants soient à l’image de leur peuple. S’affranchir qui tient d’une résolution, est cet autre choix. La classe politique africaine, l’a-t-elle en ses tripes ? A-t-elle la volonté ? Tant la quête de sa liberté s’opposerait à faire de l’Occident ou tout autre oppresseur, le métronome de son évolution.
Néanmoins, comparer des cultures ou des niveaux de développement reste une tâche difficile et multidimensionnelle qui requiert une approche nuancée et contextuelle. Il n’existe pas de cadre unique et universellement accepté pour effectuer un tel exercice, du moment où les cultures et les sociétés sont des entités dynamiques et sophistiquées avec des valeurs, normes et trajectoires historiques uniques et propres à elles.
Cependant en tenant compte des limites inhérentes à toute comparaison interculturelle, certains critères généraux tels que la Stabilité politique ( Fréquence des changements de gouvernement, niveau de corruption ), le PIB ( Produit intérieur brut, richesse produite par un pays), l’IDH (indicateur de développement humain qui mesure le niveau de développement d’un pays en tenant compte de critères économiques, sociaux et environnementaux), la dette publique ( endettement de l’État ), etc, peuvent être utilisés pour comparer Africains et Asiatiques.
Ces critères sont non exhaustifs et ne capturent pas toute la complexité des cultures et des sociétés. Ils peignent néanmoins, de l’autre côté de l’équation, une série de raisons qui ont fait naître un écart de développement entre l’Afrique et l’Asie. Cette scission demeure un phénomène délicat aux multiples causes.
En contrepartie, la contextualisation, qui se veut maître mot dans ce cas de figure, tient compte des spécificités historiques, politiques, économiques et sociales de chacune de ces régions. Ce rajout complète ces critères quantitatifs par une analyse qualitative qui prend en compte les expériences et les perspectives de ces endroits concernées. C’est la parenthèse qui justifierait l’énoncé des stéréotypes, des préjugés ou des discriminations.
Ce volet est par exemple mis en lumière par l’évolution sociétale des afro-descendants et des Asiatiques par rapport à la classe européenne dans la société américaine.
Premièrement, l’histoire de l’immigration aux États-Unis est longue et complexe. Elle est tout aussi marquée par des vagues d’arrivées de personnes d’origines et de races diverses. Cependant, on peut établir que les premiers immigrants à arriver en Amérique du Nord étaient des explorateurs et des colons européens du XVIe siècle. Un siècle plus tard, les premiers Africains les ont suivis en tant qu’esclaves. En dernière position, l’immigration asiatique s’y est matérialisée au XIXe siècle, avec l’arrivée de travailleurs chinois et japonais, principalement pour l’industrie ferroviaire et les mines.
En se penchant sur l’accès à l’éducation, on peut affirmer qu’aux États-Unis, son niveau varie considérablement selon la race et l’ethnicité. En général, les données indiquent que les groupes asiatiques et blancs ont des niveaux d’éducation plus élevés que les autres, dont les noirs. En 2020, 54 % des adultes asiatiques, 49 % des blancs et 27 % des noirs, âgés de 25 ans et plus, avaient un diplôme équivalent à un DEUG, un BTS ou encore un DUT, ou quelque chose de supérieur.
L’EDUCATION AMELIORE LA VIE DES APPRENANTS SUR LE PLAN PERSONNEL ET SOCIETAL. Ainsi, en termes de médiane de la richesse des ménages, les Asiatiques aux États-Unis occupaient la première place en 2022, suivis des Blancs. Les données disponibles indiquent que les ménages afro-américains avaient la richesse médiane la plus faible.
De ces statistiques, immigrants les derniers de ces trois groupes, les Asiatiques sont aujourd’hui les plus nantis. Ils surclassent les blancs tandis que les noirs américains occupent la dernière position dans l’indice des richesses. L’analyse de ces données pourrait faire transparaître une certaine inertie négrière. Les noirs sont paresseux, a-t-on appris à répéter. Des paresseux qui de leurs mains ont bâti ces mêmes nations qui, en retour, empêchent leur émancipation. Les Asiatiques bénéficient donc de l’approbation tacite des Anglo-Saxons qui, en contrepartie, se battent corps et âme pour pérenniser une situation qui diabolise ceux à qui justice ne doit jamais être rendue. La question du racisme aussi simpliste, saugrenue et déplaisante qu’elle puisse paraître est ce facteur X qui codifie l’état des choses. On ferme les yeux sur les autres, mais toutes nuisances systémiques restent taillées sur la mesure des noirs.
Les engrenages suscités à cette échelle sociétale ne peuvent qu’expliquer l’état des pays africains à une plus grande échelle. Avec l’Amérique, aux proportions de gendarmes du monde, cet exemple constitue l’élément fractal qui, multiplié au monde entier, explique au mieux l’impact du racisme sur le développement de ces pays victimes. Le racisme n’étant pas considéré comme un indice sous-jacent des critères généraux, insidieusement, passe sous silence alors qu’il est le catalyseur clé de qui réussira ou qui trébuchera.
Kakou Nda
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