Edito: Au Sénégal, le plus dur reste l’avenir

2-4-2024 (AfrikMonde.com)

Pour tout mortel, les aspirations profondes d’offrir le meilleur à son prochain se résument dans la fonction essentielle du Chef de l’Etat, chef des armées, chef de l’exécutif. Devenir président de la République, c’est donner noblesse à l’éthique de réciprocité dont le principe fondamental est énoncé dans presque toutes les grandes religions et cultures de ce monde : « Traite les autres comme tu voudrais être traité ». C’est la Règle d’or en philosophie morale, la maxime d’action qui repose sur une logique d’égalité et d’équivalence entre des sujets supposés substituables. Il y a réversibilité ou mutualité entre ce que fait l’un et ce qui est fait à l’autre, entre l’agir et le subir. Par conséquent, à quel moment, veiller au respect de la Constitution tout comme se porter garant de l’indépendance nationale et assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics devient une question égocentrique ?

D’où que tu viennes, de la prison au palais, Nelson Mandela ou Bassirou Faye, de la maire à la présidence, Jacques Chirac ou Macky Sall, ton seul et unique but, donc ton salut, est de garantir l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire. Sortir de ce rôle et penser être le seul à pouvoir assurer la continuité de l’État, est une utopie qui, tôt ou tard, te rattrapera. Le Président Sénégalais Macky Sall, passé maître saltimbanque, en est une belle illustration. En 2012, il s’est opposé au troisième mandat d’Abdoulaye Wade. Élu, il se métamorphose dans le nombrilisme. Il aurait besoin de temps, selon lui, pour laisser son Sénégal en paix et stable.

Monsieur le Président, c’est votre inertie qui sera le catalyseur du chaos, lui intimant la pression sociale. La réplique ne s’est pas fait attendre. La rue lui a vite rappelé que la constitution et son aval à elle, étaient ce qui comptait le plus quant à la crédibilité de qui aspirerait à la magistrature suprême. Ils apprendront à leurs dépens, lui et ses complices tapis dans l’ombre, qu’ils ne pourront pas empêcher le soleil de briller avec leurs mains. L’élection de Bassirou Diomaye Faye est une victoire qui appartient à tous, des épris de démocratie aux farouches panafricanistes.

Elle a un relent de patience qui est cet autre nom du Maître de l’univers. La patience immuable de Dieu au milieu des désordres et des crimes de ce monde, en donne ainsi la raison : patiens quia aeternus. Les fidèles aux saintes écritures y voient la main de Yahvé. L’esprit séculaire salue l’abnégation. Quel que soit le satisfecit, le mérite appartient à Ousmane Sonko qui a su s’abstraire pour une cause plus noble. Tant d’autres face à la parodie du scrutin qui se dessinait, auraient opté pour le boycottage ou la chaise vide, eux et rien qu’eux. Le Président sortant semble être de cette trempe.

Dans ce combat des libertés que mène l’Afrique, une bataille semble être acquise. Mais les antagonistes déjà en train de réaffûter leurs armes et stratégies savent que beaucoup de guerres se gagnent à l’usure. Leurs astuces ne surprennent plus personne. Si Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI) jadis, a été évincé par les accusations vacillantes de Nafissatou Diallo, le camp Sonko s’est vite défait de la conjecture de la masseuse Adji Sarr. Sonko et son ami Faye ont donc tout intérêt à rester concentrés et vigilants. L’avenir est semé d’embûches. Il ne faudrait surtout pas que l’élixir du pouvoir les entraîne à la rupture ou à la dérive.

Macky Sall, à l’orée de sa mission au Sénégal, n’a pas hésité abandonner ses zélés de complices pour mieux assumer son rôle de vaguemestre. En sa qualité d’envoyé spécial du 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la Planète), affirmant ainsi son statut de taupe, pour laisser apparaître le dos du nageur.

Il est plus qu’évident que la tâche de SEM. Bassirou Diomaye Faye, 5ième Président de la République du Sénégal, ne sera donc pas aisée d’autant plus que son pays demeure un symbole fort du colonialisme français en Afrique.

Kakou Nda

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