Reportage/Côte d’Ivoire : le calvaire des producteurs et usagers sur les routes du Haut-Sassandra

Au quotidien, pendant les saisons de pluie, ces camions affrontent toutes les difficultés pour sortir les produits agricoles vers les centres urbains.

18-10-2022 (AfrikMonde.com) Zone de production par excellence de cacao et de nombreux produits vivriers, la région du Haut –Sassandra, est un pôle économique d’envergure. Cependant, cette région qui brille dans la cacao culture abondante, souffre de ses infrastructures routières.

Spectacle effroyable et effrayant, qui donne froid dans le dos. Voir les camions de transport de marchandises et véhicules de transport de personnes, tanguant de gauche à droite pour finir quelques fois couchés sur le flanc sur les routes du Haut-Sassandra, chatouille la sensibilité de bon nombre de personnes étrangères sur ces routes de la mort.

Des routes argileuses glissantes à souhait et impraticables avec des trous béants causés par les eaux de ruissèlement des pluies qui s’invitent quotidiennement dans la vie des routiers. Sangaré, un des nombreux transporteurs qui pratiquent la voie Daloa-Zaïbo, est au bord du désespoir.

« Voilà trois jours que je dors en brousse à cause de l’état de la route. Nos routes sont impraticables et pourtant la région produit du cacao, du café, de la banane et plusieurs produits vivriers qui alimentent les marchés. Voyez vous-même », regrette-t-il montrant une voiture embourbée qui entrave la circulation depuis des jours et des nuits. Les passagers en majorité des femmes qui reviennent des villages et hameaux avec leurs marchandises, ne savent plus à quel saint se vouer.

« Pas plus tard qu’hier, un camion est tombé. Nous sommes en danger perpétuel sur cette route que vous voyez. Nos vies sont en danger », clame Aya Véronique une commerçante de vivriers qui égrène les mauvais souvenirs des méfaits de cette route qui n’a jamais connu de reprofilage depuis trois ans.

De Daloa à Zaïbo en passant par Zebra, Zahia et Zimégué, c’est un véritable calvaire. Un enfer pour les camions qui ont la lourde charge de transporter les produits des planteurs vers les magasins des nombreuses coopératives à Daloa comme à Vavoua. Il n’y a pas que les routiers et transporteurs de marchandises de produits vivriers et de rentes qui souffrent de l’état des routes dans cette région. Les fonctionnaires de santé et d’éducation subissent également les affres de l’état des routes en temps de pluies comme en temps de sècheresse.

A Zahia, l’infirmier-major du centre de santé et la sage-femme sont sans voix. « Notre ère sanitaire compte 16 266 habitants avec 11 villages. Nous n’avons pas d’ambulance et les pistes sont coupées du fait des pluies. Les femmes en travail comme les femmes enceintes ont du mal à visiter le centre de santé et généralement les malades sont évacués dans des tricycles ce qui entraine souvent des décès » affirment Siého Thierry, le major et Mme Koki Boka Sopi, la sage-femme.

Le président du Conseil régional, le professeur Alphonse Djédjé Mady, est conscient de la situation. Lui, dont les priorités sont la santé, l’éducation et les routes. « Nous œuvrons au développement de la région avec des moyens assez réduits pour résoudre les problèmes de santé, de routes et de l’éducation dans cette zone de grande production agricole. Les routes demeurent une préoccupation première. L’entretien des pistes de production est une hantise personnelle et perpétuelle pour le président du Conseil que je suis. Nous avons beaucoup à faire et les subventions ne sont pas à la hauteur » déplore le professeur Alphonse Mady qui dénonce l’insuffisance des recettes propres du Conseil, faute d’industries dans la région.

En quittant cette riche région agricole, c’est un sentiment de peine et de peur qui étreint surtout quand vous êtes témoin du calvaire que vivent les populations sur ces routes de la mort.

Frederick Konaté O.

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