(12-10-2023) AfrikMonde.com « L’Agriculture africaine face aux défis des chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire ? ». C’est autour de ce thème que s’est tenue la 6ème édition du Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales de Côte d’Ivoire (SARA), du 29 septembre au 8 octobre 2023. Ce rendez-vous a drainé sur le Parc des Expositions d’Abidjan, route de l’aéroport, dans la commune de Port-Bouet, un beau monde, dont la présence de 700 exposants au nombre desquels, le Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricoles (FIRCA). Durant 10 jours, le FIRCA a présenté ses innovations destinées à la maîtrise de l’eau et à la mécanisation de l’agriculture.
Atsin Yao Léon, Directeur Exécutif du FIRCA a expliqué que pour que chaque pays soit autonome au niveau de la sécurité alimentaire, il faut que les pays mettent en place des dispositifs qui permettent de produire suffisamment pour nourrir leurs habitants.
« Avec les différentes crises que nous connaissons, il est important aujourd’hui que chaque pays prenne des dispositions pour pouvoir mettre en place des systèmes de production pour pouvoir produire suffisamment, notamment en matière de ressources alimentaires pour nourrir sa population. Le FIRCA vient ainsi proposer des innovations concernant notamment la maîtrise de l’eau, qui est importante pour la production agricole. Il vient proposer également l’appui à la mise en place d’un système de mécanisation adapté à notre écosystème agricole », a mentionné Atsin Yao Léon.
Le FIRCA, 20 ans après
Le FIRCA a vu le jour en novembre 2003. Cette année 2023, le FIRCA fête effectivement ses 20 ans, après la célébration des 10 ans.
Le bilan présenté lors du SARA 2023 fait ressortir que les premières années du FIRCA ont servi à la mobilisation de ressources endogènes auprès des filières agricoles et de l’Etat pour financer des programmes au profit desdites filières.
Ensuite, le FIRCA s’est spécialisé dans la coordination des projets et également la gestion fiduciaire de certains projets. Ce qui lui a valu la confiance de certains bailleurs de fonds, notamment la Banque mondiale, l’Agence française de développement (AFD) et l’Union européenne (UE). Grâce à toute cette confiance, le FIRCA a pu, durant ces 20 dernières années, financer près de 1 000 projets au profit de 25 filières agricoles.
Avec l’engagement de la Côte d’Ivoire auprès des instances internationales, concernant les changements climatiques, le FIRCA évolue vers la mobilisation des ressources auprès des organismes chargés de ces finances climatiques. Notamment le Fonds pour l’adaptation au changement climatique et le Fonds vert, pour pouvoir mobiliser plus de ressources au profit des filières agricoles pour le financement des projets de résilience au changement climatique.
Financement des services agricoles
Le FIRCA se projette pour pouvoir mobiliser suffisamment de ressources auprès des filières agricoles pour le financement des services agricoles. Ces services agricoles permettent l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles.
Pour l’avenir, le FIRCA compte apporter son appui à l’entreprenariat agricole pour permettre à des jeunes de pouvoir exercer pleinement et avec aisance le métier de l’agriculture.
La mission du FIRCA est d’amener toutes les filières à rentrer dans le système de cotisation du Fonds. Suite à des discussions, petit à petit, de nouvelles filières ont intégré le système de cotisation du FIRCA.
En plus des cotisations des filières, l’objectif du FIRCA est d’aller mobiliser des ressources sur le plan international pour pouvoir aider ces filières à bénéficier de plus de programmes et pour qu’elles aient des acquis pour l’amélioration de leurs performances.
Aujourd’hui le FIRCA est à 12 filières cotisantes et ambitionne de passer à une vingtaine de filières cotisantes.
La CEDEAO a mis en place des dispositifs de financements. Le FIRCA est en discussion avec la CEDEAO dans l’optique de conclure des accords pour le financement de certains programmes régionaux.
Le FIRCA et la sécurité alimentaire
Dans le cadre du Programme d’urgence d’appui aux filières agricoles, le FIRCA a eu à bénéficier de certaines ressources de l’Etat pour la mise en place des parcelles irriguées avec la maîtrise de l’eau, notamment pour la banane plantain et même le manioc.
Le FIRCA a conduit la mise en place de 150 hectares de bananes irriguées. On trouve aujourd’hui des régimes de 25 à 30 kilos. Toutes ces actions visent à permettre à la Côte d’Ivoire d’arriver à la souveraineté alimentaire.
Irène BATH
AfrikMonde.com
Encadré :
PRO2M, un programme destiné à la professionnalisation des filières manioc et maraîchers
Emmanuel Gondo, Chargé de programmes production légumières au FIRCA, par ailleurs, Coordonnateur du projet PRO2M a présenté au cours du SARA les axes sur lesquels le projet s’est focalisé.
Le Projet d’Appui au Développement des Filières Manioc et Maraîchers en Côte d’Ivoire (PRO2M) a démarré en 2017. Il est financé par l’Union européenne (UE) dans le cadre du 11ème FED (Fonds Européen de Développement) avec un montant d’environ 17 millions d’Euros, soit 11,050 milliards Fcfa.
C’est un projet qui couvre 18 régions de la Côte d’Ivoire et qui met l’accent sur la professionnalisation des filières manioc et maraîchers.
Au bout de 5 années de mise en œuvre du projet, des résultats probants ont été réalisés.
Au niveau du volet manioc, l’on enregistre, avec l’appui des centres de recherche, l’introduction de plus d’une dizaine de variétés performantes de manioc qui ont des rendements à l’hectare qui vont au-delà de 20 tonnes en milieu paysan. Il s’agit de variétés destinées à la préparation de l’attiéké et du placali.
Pour arriver à ce résultat, le projet a travaillé avec tous les maillons de la chaine de production : le centre de recherches qui est le centre Suisse, les pépiniéristes qui sont au nombre de 65, les producteurs installés qui sont au nombre de 5 000 et les transformatrices au nombre de 65 qui ont été appuyées.
Le projet a permis de travailler sur la mécanisation agricole avec la mise en place de 4 centres de mécanisation agricole. Il a été question de travailler sur la préparation des terres avant le planting du manioc ; ainsi que sur la préparation des terres pour les autres cultures vivrières.
A ce jour, les centres de mécanisation, au nombre de 4, ont permis de labourer près de 6 000 hectares.
Au niveau du volet maraîcher, le projet s’intéresse à des agro-entrepreneurs qui sont jeunes.
Le projet a permis à ces jeunes, au nombre de 32, de bénéficier des parcelles aménagées, des espaces allant entre 3 et 8 hectares, selon leurs capacités de production.
Aujourd’hui, le projet a permis d’installer 32 sites irrigués d’une couverture totale de 180 hectares pour la production de légumes en toutes saisons.
Le projet a permis également de réhabiliter 33 périmètres maraîchers existants.
Il y a un volet transversal du projet qui est le volet nutrition. Ce volet a permis de renforcer les capacités d’environ 1 500 femmes sur la démonstration culinaire et l’éducation nutritionnelle. L’objectif est d’arriver à un équilibre parfait en alimentation.
L’accent a été mis sur les cantines scolaires en permettant à environ 3 000 enfants qui fréquentent 16 écoles aussi bien au niveau du Gbêkê, de la Marahoué que du Bélier de bénéficier d’aliments équilibrés en introduisant les légumineuses comme le soja dans leurs alimentations.
I.B.
AfrikMonde.com