L’exemple instructif de notre Liban ; tout ce qui brille n’est pas de l’or !

3-8-2020 (AfrikMonde.com) La diaspora libanaise éclatée colore toutes les couches sociales du globe, notamment le tissu stratégique de l’économie dans nos frêles nations. De Dakar à Yaoundé, nos frères libanais sont devenus des carrefours incontournables du monde des affaires. Elevant au passage, au vu et au su de tous, leur rang social en cette Afrique où la misère est pour la plupart, monnaie courante. Beaucoup se demandent bien comment en sont-ils arrivés là?

Dans des rapports d’apporteurs d’affaires à procureurs de main d’œuvre bon marché, la condescendance des nouveaux maîtres employeurs assujettit les employés. Ces subordonnés africains, contraints, oscillent entre aigreur, pseudo-révolte et enfin résignation. A Abidjan, la rue dit que « ça ne va pas quelque part », comprendre que la cause des travailleurs est comme d’emblée vaine.

Pourtant, dans les annales classiques de politique, le Liban s’érige désormais en école. A l’image de sa capitale fort de son double héritage oriental et occidental, de tradition à modernité, de son architecture à son quotidien, plaque tournante de l’art et de la mode du Moyen-Orient, Beyrouth comme aucune autre ville, s’est avérée jadis être le Paris du Moyen-Orient. Aujourd’hui le Liban est plus que son ombre.

D’occupation en occupation, son passé néanmoins déchiré par des guerres avait jusque-là transformé ces tragédies en innovation culturelle. Mais les Libanais en combat perpétuel avec des questions d’identité et des conflits de civilisations sont rattrapés par le passé. Conséquemment, des actes de xénophobie et les agressions à caractère raciste se multiplient au Liban. La présence d’immigrés travailleurs et de réfugiés alimentée par le durcissement du discours d’une partie de la classe politique n’arrange en rien la situation.

Une énième vidéo de personnes de couleur sauvagement battus ou balancés d’un balcon relayée en boucle par les réseaux sociaux ne provoque guère de tollé au Liban ou en terre africaine, terre d’origine des victimes. Des déchainements de haine raciale sans précédent mettent ce Liban sous pression et exaspère en raison notamment de la présence de dizaines de milliers de réfugiés syriens, arméniens, kurdes et africains.

A Beyrouth, Des nuits de chaos succèdent à des mois de manifestations avec son lot de conflits avec les forces de l’ordre plus que débordées. La rue proteste contre une classe politique qui ne parvient plus à sortir leur pays du marasme. C’est désormais un pays en plein avilissement monétaire, économique et sociale. Surendettée et au bord de la faillite totale, la livre libanaise perd subitement plus de 70 % de sa valeur et continue de dégringoler de jour en jour. L’inflation qui accompagne cet effondrement pour couronner le tout resserre davantage l’étau.

Beaucoup ici-bas se demandent ce qui a bien pu se passer pour que la moitié de la population libanaise bascule subitement dans la pauvreté. La pauvreté dans nos contrées a toujours été l’affaire de ces employés à des contrats dérisoires et ridicules au nez et à la barbe de nos gouvernements… L’employeur du Moyen-Orient, c’est lui qui arrive tonitruant en bolide à prix hors de portée du citoyen lambda de nos capitales. Ne serait-il pas légitime de se demander pourquoi la communauté libanaise ne venait-elle pas en soutien à leur économie engluée, alors qu’une fuite sans précédent de capitaux se signale ? Le quotidien nous a pourtant fait croire qu’il en avait les moyens…

Kakou Nda

AfrikMonde.com