(9-10-2023) AfrikMonde.com L’Association des professionnels du caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire (Apromac) a participé, du 29 septembre au 8 octobre 2023, à la 6ème édition du Salon international de l’agriculture des ressources animales (Sara) qui s’est tenu au Parc des Expositions d’Abidjan-Port-Bouët, route de l’aéroport.
Le Président du conseil d’administration (Pca) de l’Apromac, Charles Emmanuel Yacé, a saisi l’occasion de ce rendez-vous pour se prononcer sur la traçabilité du caoutchouc naturel origine Côte d’Ivoire.
Au cours d’un entretien, jeudi 6 octobre 2023 sur le stand de l’Apromac, le Pca a indiqué que l’Apromac est engagé à fournir un caoutchouc qui ne provient pas de zones où il y a eu la déforestation.
« Avec la nouvelle règlementation européenne, on parle de dérèglement climatique. L’Apromac s’inscrit parfaitement dans cette règlementation.
Lorsque les planteurs viennent nous voir parce qu’ils veulent créer de nouvelles plantations, et qu’ils veulent bénéficier des plants subventionnés, on s’assure d’abord qu’ils n’iront pas planter dans de anciennes forêts. Nous nous inscrivons dans la politique zéro déforestation.
Cette nouvelle règlementation exige que d’ici 13 mois, quand on enverra des conteneurs de caoutchouc naturel en Europe, il va falloir mettre en place une traçabilité pour démontrer que ce caoutchouc ne provient pas de zones où il y a eu la déforestation.
Mais aussi, il va falloir qu’on dise de quelle plantation ce caoutchouc provient et qui sont les propriétaires de ces plantations.
Toute la filière caoutchouc naturel est engagée dans ce processus de mise en place de la traçabilité. Dans 13 mois, nous serons prêts pour fournir un caoutchouc traçable. Ça sera donc un caoutchouc durable, parce qu’il respecte toutes les normes de durabilité », a précisé le président Charles Emmanuel Yacé.
L’Apromac, faut-il le souligner, représente toute la filière caoutchouc naturel ivoirienne.
L’Apromac repose sur deux piliers, le collège des producteurs, c’est-à-dire les planteurs et le collège des usiniers.
L’Apromac a réussi à se hisser parmi les leaders en caoutchouc naturel et est aujourd’hui 3ème mondial derrière la Thailande et l’Indonésie.
La filière caoutchouc naturel est le premier producteur africain et est devenue la 2ème spéculation agricole ivoirienne derrière le cacao.
L’Apromac au Sara
Au Sara 2023, l’Apromac a présenté toutes ses activités depuis la plantation jusqu’à la première transformation, ainsi que la 2ème transformation. Par exemple la société Macaci qui a présenté, au cours du Sara, ses matelas et des lits qui sont faits en bois de caoutchouc. Il y a aussi une société qui, avec des graines d’hévéa, fait du biocarburant, ainsi que de l’huile destinée à la fabrication de savon et le tourteau qui sert à nourrir le bétail.
L’Apromac a présenté également au Sara ses programmes. Il s’agit de programmes d’accompagnement gratuits. En effet, tout producteur qui s’installer, bénéficie de l’aide de l’Apromac pour la création de sa plantation.
L’Apromac forme entre 25 000 et 30 000 saigneurs par an, et contribue ainsi à la création d’emplois pour la jeunesse, les femmes.
Très souvent, les producteurs n’ont pas de routes pour sortir le caoutchouc de leurs plantations, donc l’Apromac construit des routes, des dalots.
Parce que soucieuse du bien-être des Ivoiriens, l’Apromac a de fortes recommandations pour la souveraineté alimentaire. Elle recommande aux producteurs qui créent leurs plantations de planter de la banane plantain, du maïs, de l’ananas, du manioc, ou de l’igname dans les interlignes.
200 à 300 planteurs et visiteurs par jour
Durant le Sara, le stand de l’Apromac très aéré pour la circonstance, a reçu en moyenne 200 à 300 planteurs par jour et 200 visiteurs. Un staff de l’Apromac déployé sur place a donné des conseils aux visiteurs et leur a appris à saigner un arbre, une façon pour l’Apromac d’attirer de créer un intérêt pour l’hévéaculture pour que la profession continue de se développer.
La politique du genre est essentielle pour l’Apromac. En effet, les personnes qui saignent généralement les arbres, sont des femmes. De même l’Apromac forme des femmes et les encourage à se lancer dans l’hévéaculture.
La politique de prix
Le prix Apromac qui est le prix auquel les usiniers achètent le caoutchouc aux planteurs est lié au prix de la bourse. Quand le prix de la bourse chute, le prix Apromac chute. C’est un prix qui a été fait avec l’Etat de Côte d’Ivoire. Le prix ne dépend donc pas de l’Apromac. C’est comme dans le cacao, le prix dépend d’une bourse.
Actuellement la filière hévéa vit une conjoncture qui est difficile. Mais, c’est le principe de la bourse. Quand ça monte, tout le monde gagne de l’argent, quand ça baisse, il faut pouvoir supporter.
Cependant, l’Apromac accompagne ses planteurs en faisant en sorte que les producteurs aient de très bons rendements.
Gestion des crises
Il y a eu plusieurs types de tiraillements dans la filière hévéa. Le collège des producteurs n’a pas le même type d’intérêt que le collège des usiniers. Les producteurs veulent que le caoutchouc soit le plus haut possible, les usiniers sont d’accord pour un prix élevé, mais que ce soit mesuré.
En 2022, l’Apromac a travaillé sur un nouveau mécanisme de prix. Aujourd’hui la paix est donc revenue.
L’autre difficile, c’est que sur le terrain, il y a des personnes qui ne respectent pas souvent le prix Apromac. L’Etat de Côte d’Ivoire a mis en place le Conseil Hévéa-Palmier à huile (CHPH) qui a un rôle de régulateur. C’est son rôle de suivre et d’obliger les acteurs à se conformer à la règlementation. L’Apromac a pour rôle de développer la filière. Et, le CHPH a pour rôle de réguler.
Irène BATH
AfrikMonde.com