Ce que disent Les Classiques Ivoiriens
2-10-2023 (AfrikMonde.com) La chose est devenue banale. Chaque année les parents d’élèves sont pris entre le marteau et l’enclume, pour ne pas dire entre les écoles et les librairies pour l’achat des manuels scolaires de leurs enfants. Des enseignants qui vendent des livres et font même obligation aux parents de n’acheter que les manuels vendus par eux, et dans leurs écoles, cela se passe en Côte d’Ivoire sans bruit. Conséquences, les parents sont financièrement esseulés tandis les libraires perdent des centaines de milliards par an. Dimanche dernier, le ton est monté d’un cran face à cette situation qui n’obéit à aucune réglementation en vigueur et constitue de ce fait, une violation flagrante des décrets, arrêtés et circulaires pris par le président de la République et la ministre de l’Eduction nationale et de l’Alphabétisation. C’est monsieur Coulibaly Boubacar, président de l’Association des libraires et détaillants de livres de Côte d’Ivoire (ADLCI), qui a dénoncé cette situation au cours d’une conférence de presse qu’il a animée à son bureau le dimanche 1er 2023. La conférence de presse, faut-il le noter, vise à « appuyer les décisions et les actions du gouvernement dans sa lutte et ses efforts pour une école compétitive, de qualité pour tous et à moindre coût. »
De quoi s’agit-il ? A la vérité, le ministère de l’Education nationale a pris un arrêté et informé les administrations concernées par circulaires administratives, que la vente des livres dans les établissements scolaires et aux abords des établissements scolaires est formellement interdite. Au terme de l’article 1 de l’arrêté N°0045 du 06 septembre 2021, Mariatou Koné avait été suffisamment claire en son premier point : « le présent arrêté a pour objet d’interdire la vente des manuels solaires et supports didactiques dans les écoles et établissements scolaires publics et privés. » Le même arrêté dit clairement en son article 2 que cette interdiction porte aussi bien sur les manuels scolaires agréés ou recommandés que des manuels scolaires non agréés. L’Interdiction s’étend aux supports ou fascicules produits par les professeurs ou toute autre personne. L’interdiction s’impose aux personnes en charge de l’encadrement pédagogique, aux professeurs, aux personnels de l’administration scolaire et aux tiers. Quant à l’article 3, il stipule que la « commercialisation des manuels scolaires et des supports didactiques est du ressort exclusif des libraires. Toutefois, il leur est interdit de vendre ces manuels au sein des écoles et établissements scolaires. »
Pour autant, vendre des manuels scolaires dans les écoles est devenue aujourd’hui une activité lucrative pour enseignants et personnels administratifs des écoles. Le fait est devenu tellement grave, qu’au cours de sa conférence de presse, monsieur Coulibaly Boubacar n’a fait aucune difficulté pour accuser ouvertement les Editions Les Classiques Ivoiriennes, d’avoir un deal avec les écoles confessionnelles, auxquelles elles livrent des manuels scolaires vendu au sein des établissements scolaires. « Les Classiques Ivoiriennes disent avoir une convention avec les écoles confessionnelles, où elles déposent leurs livres pour la vente. Les classique Ivoiriennes sont la première maison d’édition qui piétinent les Institutions de l’Etat ivoirien, parce qu’elles se comportent en glouton. Elles déposent partout, surtout dans les écoles catholiques, les écoles islamiques et maintenant elles se sont répandues dans les écoles publiques. Les enseignants sont devenus des vendeurs de livres », a-t-il martelé.
Les Classiques Ivoiriens réfutent catégoriquement les faits allégués
Joint au téléphone hier autour de 16h, monsieur Boaré Dramane, l’un des responsables des Éditions Les Classiques Ivoiriennes, a battu en brèche les allégations des responsables de l’Association des libraires et des détaillants du livre de Côte d’Ivoire. « Nous ne déposons pas des livres auprès des établissements scolaires. Nous travaillons en priorité avec les librairies. Il se trouve que les catholiques ont des procures qui ont le droit de faire du commerce. Ce sont donc ces procures qui prennent les livres avec nous pour les déposer auprès de leurs écoles » a-t-il fait savoir avant d’ajouter, « les conférenciers auraient dû nous inviter à leur conférence, comme ça nous aurions pu dire notre part de vérité. »
A qui la faute ?
Il est bon de souligner qu’outre l’arrêté de 2021, Mariatou Koné a produit deux circulaires (circulaire N°276 du 31 juillet 2023 et circulaire N°02448 du 04 août 2924, dans lesquelles elle rappelle que la vente des manuels scolaires et supports didactiques est interdite au sein et aux abords des écoles. Mariatou Koné a-t-elle fait le suivi et évaluation des mesures prises ? Pourquoi le phénomène poursuit-il tranquillement son chemin au détriment des élèves, des parents d’élèves et des libraires ? A qui la faute ? Seule Mariatou Koné peu répontre à toutes ces questions. Car, tant qu’il n’y aura pas de sanctions administratives, la marchandisation de l’école ne prendra pas fin.
Bertin N’Guessan
AfrikMonde.com