Editorial : Mali, la transition toujours au rythme de la soldatesque !

19-8-2020 (AfrikMonde.com) Bamako, la capitale de la République du Mali a été fortement marquée, en fin de matinée du mardi 18 août 2020 par des bruits de bottes au sein du camp Soundjata Kéita de Kati, où a éclaté une mutinerie qui a vite fini par se muer en coup d’Etat militaire. Sur la sellette, le Président Ibrahim Boubacar Kéita et son Gouvernement dont plusieurs membres ont été arrêtés puis écroués avec le Chef de l’Etat.

Une scène qui a quasiment des similitudes avec le coup d’Etat contre le père de l’indépendance malienne, Modibo Kéita, dans la nuit du 18 au 19 novembre 1968. Sans effusion de sang, comme c’est le cas contre le Président IBK, les putschistes sous la houlette d’officiers de l’Armée ont pris le pouvoir.

Le chef de file de cette junte militaire, le Capitaine Moussa Traoré devient président du Comité militaire de libération nationale, puis Président de la République le 19 septembre 1969.  Celui-ci règnera sans partage sur le Mali jusqu’au 26 mars 1991, lorsqu’il est emporté par une vague de protestations ponctuées par des manifestations qui finissent par susciter la réaction de l’Armée.

Sous le Commandement du Lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré, plusieurs officiers montent un coup d’Etat militaire et arrêtent Moussa Traoré. Après plusieurs mois de règne, le Comité de transition pour le salut du peuple que dirige le chef de la junte militaire, parvient à organiser des élections démocratiques remportées par Alpha Oumar Konaré. Après deux mandats à la tête de l’Etat, celui-ci se retire et fait place à ATT qui tronque le treillis contre le costume pour briguer le poste de président qu’il remporte à l’issue du second tour de la présidentielle qui l’opposait, le 12 mai 2002,  à Soumaila Cissé. Son adversaire crie à la fraude, mais rien n’y fit.

Après deux mandats à la tête du Mali, marqués par une rébellion touarègue et la montée en force des djihadistes, à travers notamment les activités de groupes islamistes armés tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), le régime d’Amadou Toumani Touré est renversé par un coup d’Etat militaire, le 21 mars 2012, à seulement 1 mois du premier tour de l’élection présidentielle.

Dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo, la junte militaire regroupée au sein d’un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), crée le vide constitutionnel, avec à la clef, la suspension de toutes les institutions de la République. Suite à la démission d’ATT le 8 avril, Dioncounda Traoré, le président de l’Assemblée nationale, devient président par intérim, le 12 avril 2012. La fin de la transition aboutit à l’élection du nouveau Chef de l’Etat. Ibrahim Boubacar Kéita prête serment le 4 septembre 2013 devant la Cour suprême avant d’être investi Président de la République.

Malheureusement, 52 années après, l’histoire continue de se répéter au Mali, avec la spirale de coups d’Etat militaires qui empêche d’amorcer une véritable alternance démocratique sur les rives du fleuve Djoliba.

Ephraïm Aboubacar