Edito/La Commission Électorale Indépendante face aux enjeux de 2025

25-11-2024 (AfrikMonde.com) J’accuse… Pour une nouvelle fois, les Ivoiriens s’apprêtent à transférer par l’exercice du vote de leur majorité, à des dirigeants des instances des institutions de la république, la légitimité requise pour exercer leur pouvoir attribué. Ce cycle électoral a donc pour but de renouveler les dirigeants dont les fonctions sont censées être par ailleurs définies et orientées par le biais d’un programme politique.

En ligne de mire, l’élection présidentielle surplombe tout, des parlementaires, députés, sénateurs au conseil régional et Conseil municipal. Parce que la plus importante, elle cristallise tous les secteurs de la vie sociétale, économique, juridique et évidemment politique. À la question de qui sera admis à compétir, la Côte d’Ivoire, le regard tourné vers la commission électorale, retient son souffle…

Mais bien assurément, du côté du parti au pouvoir, j’accuse la décision des cadres militants et sympathisants du RHDP de demander à leur mentor de briguer un autre mandat – ne perdons pas de vue qu’après deux mandats qui en principe devraient permettre le repos, une modification de la constitution à travers un référendum en a permis autrement. Il nous avait été ensuite dit qu’avec cette nouvelle constitution, un 3e mandat devenait inconstitutionnel. Cependant, le président sortant a bel et bien été élu pour un troisième mandat. A nouveau, les mêmes d’hier plaident aujourd’hui pour un 4e mandat qui totaliserait au final 20 ans de pouvoir.

De la question de cumul de mandats, j’accuse… De ces 20 ans, 30 ans de pouvoir, découlent l’épineux contraste entre la légalité et la légitimité. Est légitime ce qui est conforme à la morale, tandis que la légalité l’est à la loi. Une loi peut donc être légale mais illégitime si elle n’est pas éthique. Par essence, la chose démocratique est l’alternance et la marge de comparaison se fait fine entre putschistes et contorsionnistes face à de multiples mandatures.

Du côté du PPA-CI, j’accuse ce qui devrait être la priorité : la réinsertion de leur candidat sur la liste électorale parce qu’acquitté depuis mars 2021 de toute charge par une juridiction supérieure, ou la célébration de 23 ans de mariage religieux d’avec sa nouvelle compagne ?

Au PDCI, j’accuse ces préoccupations maladroites de serpent dans la poche à la priorité de climatisation à panneau solaire dans des salles de classe en paille. Le plus grand parti de Côte d’Ivoire semble être en déphasage avec les réalités d’un pays qui ne pourra, encore une fois, être piloté au bon gré des investisseurs venus d’ailleurs. C’est étonnant que des créanciers étrangers, détenteurs de la dette ivoirienne, rencontrent un parti politique qui n’est pas encore aux affaires. Sont-ils au courant des réalités que les Ivoiriens ignorent ? A croire que les urnes auraient déjà parlé avant 2025…

Les Ivoiriens, pour ces éléments factuels, craignent et peinent à faire confiance à cette CEI, supposée être cet organe régulateur tampon. Organe qui après tout cycle électoral, devrait œuvrer à améliorer le système de la pratique électorale afin d’arriver à une CEI consensuelle du point de vue de sa fonctionnalité. A-t-elle grandi de ses expériences pour éviter les erreurs du passé ?

Si en apparence, les objectifs de la révision de la liste électorale, processus périodique pour permettre aux citoyens d’actualiser leurs informations, d’inscrire de nouveaux électeurs, ou de signaler des changements (déménagement ou décès), ont été acquis, une grogne dans l’opposition pourrait la décrédibiliser. Certains parlent de morts ou d’étrangers qui voteraient sans trop de preuve toutefois. Cependant, du 19 octobre au 17 novembre 2024, la CEI dit avoir enregistré 800 milles nouveaux votants tandis que le porte-parole du RHDP parle de plus de 1 141 000 personnes de leur côté.

Aussi, d’un point de vue technique, l’article 6 du code électoral ivoirien nous enseigne que la liste électorale devrait être tenue à jour annuellement par la commission chargée des élections pour tenir compte des mutations intervenues dans le corps électoral. Aurons-nous une mise à jour de cette liste en 2025 ? Notons qu’on s’attendait à atteindre les 5 millions d’électeurs, ce sont plutôt une centaine qui ont pu se faire enrôler pour un total de 8 012 426 actuellement inscrits !

Finalement, le fonctionnement des Commissions Électorales Locales est décrié. Une centaine de leurs agents avaient même été radiés par la commission centrale pour partialité, non-loyauté des attitudes qui ne concordent pas avec l’indépendance qui caractérise la CEI. Il a été prouvé que les agents cherchent plutôt à servir leur candidat abusant des poches de fonctionnalité au niveau des CEL. Est-ce normal que leurs présidents distribuent les reliquats des cartes d’électeurs tout en ayant la responsabilité de leurs compilations ?

Dans l’antichambre d’une année aussi importante que 2025, le processus de révision reste pourtant crucial pour garantir des élections inclusives et transparentes. Nous espérons que toutes les cases seront cochées à temps de sorte que ces prochaines élections se déroulent sans heurts dans un climat de paix et de stabilité.

Kakou Nda

ndakakou@gmail.com