Edito/Donald Trump, personnification de l’antéchrist ?

12-11-2024 (AfrikMonde.com) D’aucuns voient des signes de la fin du monde en la réélection de Donald J. Trump. Avec ses positions aux antipodes de ce qu’ont toujours été les Etats-Unis, gendarme et leader incontesté du monde. Serait-il cet imposteur de la fin des temps qui chercherait à établir une religion opposée à celle de Jésus-Christ ? De sa condescendance face aux minorités à la question de l’immigration ou de sa haine des musulmans, en fermant les yeux et encourageant Israël dans son génocide, Trump, déshumanisant certains, a tout opposé au messie qui s’oppose à toute forme d’injustice…

En 2016 déjà, point pris au sérieux alors que sa campagne n’était qu’à ses débuts, il finit par remporter les primaires du Parti républicain contre l’establishment et le politiquement correct. Déjouant la quasi-totalité des pronostics face à la démocrate Hillary Clinton, il annonce les couleurs avec un ton belliqueux aux déclarations controversées. De son premier mandat, il essaie d’introvertir son pays : “America first ! – L’Amérique d’abord ! ” Proclame-t-il fièrement.

Mais alors battu par Joe Biden à l’élection présidentielle de 2020 pour son amateurisme politique, il refuse de concéder sa défaite en bon mauvais perdant, et engage vainement un lot de recours juridiques, retardant la transition présidentielle. Sous l’impulsion d’un de ses discours incendiaires, l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 de ses partisans de l’ultra-droite, reste catalogué comme une insurrection qui n’a de précédent dans aucune démocratie avancée. Cette tentative de coup d’État demeure un violent épisode politique qui n’empêchera pas l’Amérique blanche de faire de lui le 47e président de la soi-disant plus puissante démocratie de ce monde, en attestent les sondages aux sorties des urnes de ce 5 novembre 2024.

Et pourtant, des faits inédits ont meublé son premier mandat alors entaché de procédures judiciaires. Il ira jusqu’à refuser d’assister à l’investiture de son successeur. Ainsi, plusieurs universitaires et historiens n’hésiteront pas à le classer comme l’un des pires présidents de l’histoire américaine.

Il viendra des Antéchrists qui tâcheront de séduire les fidèles ”, disent les Saintes Écritures.

L’Amérique évangélique, fidèle à un Jésus-Christ folklorique, sort des contrées profondes et fait encore déjouer toutes les statistiques. Surfant habilement sur cette vague, Donald Trump, rappelons-le, après avoir été un démocrate résolument opposé au président républicain George W. Bush, se métamorphose républicain en 2009 et arrive à la Maison Blanche en 2017 au rang de 45e président élu. Coup de chapeau, il y revient (2025) en sa qualité du 47e président républicain avec un mandat divin clair, s’extasient ses supporteurs, carrés sur tous les bords, qui ne voient en lui qu’un doigté politiquement miraculeux.

N’ont-ils pas raison ? Dans l’euphorie de la présidentielle de 2024, sept « swing states » sur sept, remportés, Donald Trump signe alors une victoire historique en conquérant pour la seconde fois la Maison Blanche avec en toile de fond le contrôle total du Congrès par son parti. Plébiscités dans les urnes, les républicains dans ce rejet sanglant des déboires des démocrates tristement en arrière-plan d’un sénile et fébrile Joe Biden, reprennent également le contrôle du Sénat, un organe crucial du pouvoir fédéral. Donald Trump obtient à la barbe de ses opposants la majorité électorale, le vote populaire, les deux chambres, la Cour suprême, bref, toutes les institutions de pouvoir, envoyant un message retentissant aux démocrates affaiblis et rejetés.

Que faire des faits qui l’assimilent à un tyran de retour au sommet du pouvoir mondial ? Donald Trump, accoutumé à la critique acerbe, saura faire fi de l’opinion d’autrui. Il a désormais toutes les cartes en main pour marquer à jamais l’histoire sans aucune opposition. Son règne sur la terre avant-coureur du second avènement de Jésus-Christ est une marque de l’approche du jour du Jugement, semblent s’en consoler ses détracteurs. En effet, face à la débâcle des démocrates, seul le Président sortant est à blâmer. Obnubilé par l’obsession du pouvoir, Joe Biden est en politique depuis plus de 51 ans. Il symbolise à lui seul du haut de ses 82 ans et ses innombrables excentricités qui ont émaillé son mandat, cette gifle électorale infligée à son parti. Entêté à un second mandat, les meubles n’ont pu être sauvés avec Kamala Harris qui aurait eu tout à gagner en présentant une alternance.

Tout porte à croire qu’elle aurait pu gagner si elle avait appelé à un embargo armé contre Israël…

Les atrocités au Moyen-Orient ont été le plus grand défi auquel elle a été confrontée. La campagne de réélection de Biden avait tout d’un désastre latent, les démocrates le comprenant, ont vite changé de candidat. Seulement, au lieu de changer de voie, Kamala, empêtrée dans une crise raciale et identitaire parce que de mère indienne et de père jamaïcain, est simplement devenue le chef d’orchestre de la même ligne, se dirigeant tout droit vers l’échec inévitable.

Elle n’a pas réussi à montrer qu’il y aurait une réelle différence entre elle et Joe Biden, renforçant la perception horrible du bonnet blanc – blanc bonnet sur la politique israélienne de l’administration Biden. Malheureusement, cela n’a pas été le seul sujet sur lequel elle n’a pas réussi à créer une alternance meilleure. Son inertie politique a scandalisé la frange de l’électorat qui avait pourtant fait la différence à l’élection précédente. Kamala n’a fait que s’illustrer comme la continuité alors qu’il était question d’une élection du changement. Les démocrates avaient une formidable opportunité de faire de leur candidat, la candidate de changement, mais elle n’a symbolisé que la continuité.

La campagne démocrate a été défectueuse, manquant de convaincre de nombreux indécis tout aussi cruciaux. Kamala n’a donc pas réussi à répondre aux exigences des électeurs noirs, arabes, musulmans et véritables chrétiens qui restent indignés, à juste titre, par l’administration Biden qui a armé et financé le génocide israélien des Palestiniens. Kamala n’a fait que reprendre en boucle la même argumentation sur le droit d’Israël à se défendre, tout en évoquant en contrepartie sans hargne et conviction un cessez-le-feu. Elle dit ne pas ajouter de conditions aux armes américaines pour Israël en indiquant clairement de n’utiliser aucun moyen de pression pour convaincre Israël pour mettre fin à ses massacres tout azimut, si elle est élue.

Soyons clairs, l’Amérique noire à hauteur de 92% des femmes et 78% des hommes a tout donné dans son vote parce qu’elle sait ce que la présidence Trump représentera pour sa vie, sa survie, dans un pays fortement stratifié, raciste et souffrant de bien d’autres problèmes, y compris l’islamophobie et toutes les formes de haine qu’inspire le camp adverse. Il est encore plus évident que ce qui a le plus pesé dans la balance de cette élection est le bien-être d’Israël au détriment des autres.

Trump à la Maison Blanche est la victoire d’un fanatique islamophobe qui incite les foules à saper la démocratie. C’est au-delà de la présomption d’innocence, un ancien président deux fois destitué et inculpé, de retour à la Maison Blanche grâce à un racisme systémique enraciné dans la suprématie blanche. C’est le privilège dont jouissent certains aux Etats-Unis, tel Trump. Privilège qui ne sera jamais accordé aux autres soumis à d’autres standards. Des normes différentes lui ont été appliquées en raison du sexisme systémique et de la misogynie qui existent dans une société profondément partisane comme l’Amérique. Pour certains, coupables ou pas, vous pouvez briguer la magistrature suprême alors que le droit de vote est retiré aux détenus en majorité issus des minorités entassés dans les prisons.

La campagne de Harris a été naïvement axée sur le droit d’Israël à se défendre. Israël existe déjà, ce qui devrait être plutôt défendu est le droit universel à la vie quel que soit votre lieu de naissance. L’absurdité de cette approche, émanant des deux campagnes a permis à Israël de poursuivre son génocide. Trump qui a officialisé Jérusalem comme capitale de l’Etat Hébreu, ne fera absolument rien de différent, en laissant Israël continuer à exterminer les Palestiniens et à détruire Gaza, la Cisjordanie et maintenant le Liban pour éventuellement arriver aux portes de Téhéran. En cela, le monde regarde, impuissant, ces déconvenues qui pourraient bien signaler la fin de l’empire américain tant annoncé…

Sur le continent-mère, pendant que Trump retourne corser l’addition de la main d’œuvre noire, bon marché – les migrants illégaux et démanteler les fondements de l’État profond, les Panafricains épris de liberté face à l’oppression occidentale, bientôt lâchés en plein vol par leur soutien transatlantique, pensent avoir une fenêtre d’opportunités de 4 ans pour reprendre leur destin en main.

Donald Trump affirme qu’“ Aucun pays sérieux ne devrait dire à ses enfants qu’ils sont nés avec le mauvais sexe. Un concept jamais entendu dans toute l’histoire de l’humanité. Mon ministère de l’Éducation informera l’État et le district scolaire que tout enseignant ou responsable scolaire suggérant à un enfant qu’il peut être piégé dans le mauvais corps, s’exposera à de graves conséquences, y compris une violation potentielle des droits civiques. Je demanderai au Congrès d’adopter une loi selon laquelle le seul genre reconnu par le gouvernement américain est le sexe masculin et le sexe féminin et que ces deux sexes sont attribués à la naissance. ”

Un vent d’espoir sur le continent noir est cet ouragan de panique qui souffle déjà partout notamment sur les grandes compagnies pharmaceutiques après l’élection de Trump qui compte assainir ce milieu malsain. Les coulisses évoquent un grand ménage où la corruption et les conflits d’intérêts seront nettoyés.

Rendre la santé aux peuples en éliminant toutes ces maladies chroniques apparues ces dernières années à se demander si certains ne travailleraient pas pour vendre le poison et l’antidote… De grands noms sont dans l’œil du cyclone : les regards se portent sur Bill Gates dont l’humanisme à dessein a ses arguments qui oscillent entre la lutte contre la surpopulation et l’urgence de vacciner nos populations démunies. “ La mafia en danger ” a tweeté le Professeur français, Didier Raoul.

Qui vivra, verra !

Kakou Nda

AfrikMonde.com 

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