Criminalité financière : Plus de 25 000 milliards Fcfa transférés chaque année en Europe ou ailleurs dans le monde

6-12-2022 (AfrikMonde.com) Selon un rapport conjoint établi en février 2018 par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et la Banque africaine de développement (BAD), d’importants montants échappent, chaque année, aux autorités et régulateurs économiques, en quittant l’Afrique en toute illégalité, pour se voir transférer en Europe ou ailleurs dans le monde.
Cette information a été donnée par la Directrice de cabinet, représentant le ministre de l’Economie et des Finances, à l’ouverture lundi 5 décembre 2022 de la 9ème Assemblée générale annuelle du Réseau Inter Agences de Recouvrement des Avoirs pour l’Afrique de l’Ouest (Arinwa) qui se tient du 05 au 09 décembre 2022 à Abidjan autour du thème : « Mise en place et opérationnalisation d’un organe de recouvrement des avoirs dans les Etats membres d’Arinwa ».
La représentante du ministre a indiqué que la seule sous-région de l’Afrique de l’ouest sur laquelle se concentre ce rapport, « verrait ainsi lui échapper 50 milliards de dollars Us, soit un peut plus de 25 000 milliards Fcfa, tous les ans, selon ses estimations ». Autant de ressources financières qui, dira-t-elle auraient pu servir au financement des politiques de développement des pays.
« L’Assemblée générale annuelle d’Arinwa répond à cette exigence de synergie d’actions entre toutes les parties prenantes, en vue de définir les orientations pour un système de sécurité financière correctement coordonné, efficace et opérationnel », a mentionné la représentante du ministre Adama Coulibaly.
Les pays de la zone ouest africaine, faut-il le noter, sont confrontés à un ensemble de défis et de vulnérabilités, notamment la sécurité et la criminalité dans ses multiples manifestations. Il s’agit d’une criminalité organisée et transnationale de plus en plus complexe qui exige une capacité organisationnelle et une efficacité élevée, pour apporter la réplique adéquate. La sanction que les politiques répressives s’attèlent à intégrer dans les ordres juridiques nationaux, est la privation des délinquants des produits de leurs activités illicites et criminelles. Cette sanction se traduit par le dépistage et la localisation des biens appartenant aux criminels, la saisie, la gestion et, à terme, la confiscation desdits biens au profit de l’Etat.
A tour de rôle, la présidente d’Arinwa, Mme Kylly Fernandes, Magistrat au Parquet du Cap-Vert ; Mme Kadiatou Ly Sangaré, Agent judiciaire du Trésor ivoirien et Secrétaire permanent d’Arinwa et Check Touré de l’ONUDC, ont unanimement admis que le réseau Inter Agences de Recouvrement des Avoirs pour l’Afrique de l’Ouest (Arinwa) constitue un formidable facteur de performance et un cadre de coopération propice à la disposition des structures nationales chargées de connaître des infractions économiques et financières graves.
L’Assemblée générale annuelle de l’Arinwa réunit l’ensemble des Points focaux des 16 Etats membres, les Partenaires techniques et financiers ainsi que les organismes poursuivant des objectifs similaires. Cette Assemblée générale permettra au Réseau de présenter le bilan des activités menées au cours de l’année 2021-2022 et fixer les perspectives de l’année 2022-2023.
De façon spécifique, il s’agira, pour les participants d’examiner les résultats obtenus dans l’atteinte des objectifs du Réseau au cours de la période 2021-2022, identifier les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des activités ; envisager les solutions appropriées, favoriser les rencontres et les échanges interpersonnelles entre les Points focaux, évaluer la collaboration entre le Réseau et ses partenaires techniques et financiers et faire connaitre les attentes du Réseau.
Pour rappel, la création de l’Arinwa, dont le Secrétariat permanent est assuré par la Côte d’Ivoire, vise à faciliter la privation des délinquants des produits que génèrent leurs activités illicites, par un ciblage plus marqué desdits produits, à travers l’affinement des procédures et processus de leur identification et localisation, saisie, confiscation et gestion.
Les Assises d’Abidjan sont organisées par le ministère de l’Economie et des Finances, en collaboration avec le ministère de la Justice et des Droits de l’Homme et le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, en partenariat avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc) et l’Agence allemande de coopération internationale pour le développement (GIZ).
Irène Bath
AfrikMonde.com