Côte d’Ivoire /Mme Bessi Josiane (Directrice Programme national lutte contre les VBG) :  »les chiffres sont alarmants » (Interview)

Abidjan, 23-07-2022 (AfrikMonde.com) Directrice du Programme national de lutte nationale contre les Violences basées sur le genre (VBG), au ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant, notre équipe de reportage a rencontré, Mme Josiane Bessi Assiri lors du lancement de l’avant-première du film « Secret de femme », qui traite des  liées l’excision ou aux mutilations génitales féminines. Dans cette première partie de l’interview, elle s’attarde sur les réalités de cette pratique moyenâgeuse.

c’est un sujet d’actualité en Côte d’Ivoire où les chiffres sont assez alarmants

Qu’est-ce qui explique votre présence à cette cérémonie ?

Je tiens, d’entrée de jeu  à remercier le réalisateur de ce film (Ndlr : Secret de femme) qui a pour thématique principale, ‘’l’excision ou la mutilation génitale féminine’’. Nous savons tous que, c’est un sujet d’actualité en Côte d’Ivoire où les chiffres sont assez alarmants. Nous sommes aujourd’hui à 37% de cas de mutilation génitale féminine. C’est-à-dire, sur 100 femmes, nous avons environs 37 femmes qui sont mutilées en Côte d’Ivoire. Ce sont des chiffres qui donnent froid dans le dos, d’autant plus que ces pratiques n’ont aucun avantage pour la santé de la femme. Elles constituent bien au contraire, un frein à leur épanouissement. Parce qu’il y a de nombreuses conséquences qui sont attachées à cette pratique-là ici en Côte d’Ivoire. C’est la raison pour laquelle, le Ministère qui porte cette thématique,  a décidé d’accompagner la diffusion de l’avant-première de ce film.

Quel est l’essentiel du message à percevoir, selon vous ?

Le message essentiel, c’est l’engagement de tous, dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. Comme je l’ai dit tantôt,  il y a d’innombrables conséquences qui peuvent aller jusqu’au décès des victimes. Il faut de fait toucher toutes les couches sociales de notre pays. C’est vrai que c’est en langue, en français, mais c’est un outil de communication, un outil de sensibilisation que nous devons utiliser pour sensibiliser les communautés  de sorte à éradiquer cette pratique.

Quelles sont les grandes actions de votre ministère sur le sujet ?

Tout part du constat que c’est une question qui préoccupe à plus d’un titre. Au risque de me répéter, le gouvernement tout entier. D’autant plus que le président de la République, lui-même, a décidé de réduire de 15% les mariages forcés et les mutilations génitales d’ici à 2030. « Un plan national pour l’abandon des mutilations génitales féminines sera bientôt présenté », à cet effet.

Pour y  arriver, l’Etat de Côte d’Ivoire a élaboré un document qui est la stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre. Il a été adopté depuis 2014 et permet de déployer tout ce qui est lutte, les actions de lutte contre les violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire. Il y a des actes d’intervention qui sont la prévention, la prise en charge mais également la lutte contre l’impunité et la collecte de données, entre autres. Mais en plus de cette action, l’Etat de Côte d’Ivoire a décidé de faire un focus spécifique sur les questions de mutilations génitales féminines, à travers l’élaboration d’un plan national pour l’abandon des mutilations génitales féminines.

Nous étions récemment, en atelier pour l’adoption de ce plan qui sera communiqué très bientôt afin d’orienter les actions de façon très spécifique à atteindre cet objectif qui est la réduction de 15% d’ici 2030 des mutilations génitales en Côte d’Ivoire. De fait, la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Mme Nasséneba Touré a mis en place, à travers le programme de lutte contre les VBG, des plateformes de lutte contre les VBG.

« Nous avons 82 plateformes de lutte contre les mutilations génitales »

En Côte d’Ivoire, nous avons aujourd’hui, 82 plateformes regroupant des acteurs qui interviennent sur la thématique et mènent des activités de sensibilisation, des dialogues communautaires avec la communauté, pour un changement de comportement. Parce qu’il ne faut pas oublier que les mutilations génitales sont attachées à des pratiques dites culturelles qui nourrissent leur survie ou leur recrudescence. Il y a les dialogues communautaires engagés avec la communauté, les femmes, les hommes mais également avec les leaders communautaires qui sont les porte-voix de ces pratiques parfois, qui couvrent ou cachent ces pratiques-là de sorte à les amener à un changement de comportement.

Avec Clarisse GBAKU