Annulation de la loi qui légalise l’avortement aux États-Unis : Les révélations d’un rapport spécial de PMNCH

(17-09-2023) AfrikMonde.com Un tiers des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête menée auprès des partenaires de PMNCH estiment que l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris l’avortement et les soins post-avortement, ainsi que le planning familial a diminué dans leur pays à la suite de la décision de la Cour suprême des États-Unis de juin 2022.

Une nouvelle enquête de PMNCH, la plus grande alliance mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, révèle que plus d’un tiers (35%) des personnes interrogées, principalement actives en Afrique, en Asie du Sud et dans les Amériques, pensent que l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) pourrait être réduit après l’annulation de Roe v. Wade, l’arrêt historique qui a légalisé l’avortement aux États-Unis en 1973.

Le rapport spécial, intitulé « Annulation de l’arrêt Roe v. Wade : Inquiétudes autour de l’accès aux services de santé sexuelle et génésique, y compris l’avortement sécurisé », a été produit par PMNCH en collaboration avec Fòs Feminista, AMREF et l’Université Aga Khan afin d’évaluer les effets éventuels de la décision américaine dans le monde et la manière dont lesdits effets sont ressentis. Il vise également à aider les partenaires à renforcer le plaidoyer et la redevabilité en matière de santé sexuelle et reproductive dans ce contexte mondial.

Principales conclusions

  • Un tiers des organisations interrogées (52 au total) estiment qu’il y a moins d’accès aux services de SSR, y compris l’avortement et les soins post-avortement, ainsi que la planification familiale dans leur pays depuis la décision de juin 2022 de la Cour suprême des États-Unis.
  • Un quart des personnes interrogées perçoivent des changements négatifs dans le financement national et international des services de SSR, notamment la planification familiale, les soins liés à l’avortement et les soins post-avortement.

 

  • Plus de la moitié des personnes interrogées pensent que l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade a enhardi les mouvements anti-avortement dans leur pays.
  • Plus d’un tiers des personnes interrogées pensent que l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade limite les opportunités qu’ont les principales parties prenantes et les décideurs de discuter et de soutenir les politiques sur l’avortement, les soins post-avortement et les SDSR, y compris les lois et les cadres politiques sur la planification familiale.
  • Les défenseurs luttent contre ces effets en soutenant une éducation accrue du public sur les avantages des services de SSR, ainsi que sur les effets néfastes de la décision de la Cour suprême des États-Unis.

Des implications plus larges

La décision de la Cour suprême des États-Unis du 24 juin 2022 dans l’affaire Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization (Dobbs) a mis fin au droit constitutionnel fédéral à l’avortement aux États-Unis, précédemment établi par la Cour suprême dans l’arrêt historique de 1973, Roe v. Wade. A date (septembre 2023), l’avortement a été interdit ou fortement limité dans 22 États américains, et d’autres États devraient encore interdire ou limiter l’accès à ce service.

Au-delà de son impact direct sur les services d’avortement, les personnes interrogées estiment que l’annulation de Roe v. Wade a jeté une ombre sur l’accès à une gamme plus large de services de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, en affectant les politiques, la prestation de services et le financement.

Les résultats de l’enquête ont révélé une profonde inquiétude quant aux effets locaux perçus de la décision américaine dans certains pays.

« Il est très probable que la défense du droit à l’avortement dans le pays soit affectée, en particulier pour nous qui sommes en première ligne », a déclaré une ONG ougandaise. « Nous prévoyons également que les femmes vont s’adonner à des avortements clandestins et dangereux plutôt que d’avoir le courage de se rendre dans les établissements de santé ».

« Le financement des actions pro-avortement a toujours été un défi, mais avec l’abrogation de Roe v. Wade, les contraintes et les défis liés à l’accès au financement ont doublé », a déclaré une autre organisation de Sierra Leone axée sur les adolescents et les jeunes.

« L’Inde a connu pour la première fois une manifestation anti-choix/avortement dans tout le pays, ainsi que des recours en justice, par des groupes confessionnels opposés à l’avortement, visant à l’interdire et à en restreindre l’accès dans le système judiciaire indien », a rapporté une fondation donatrice basée en Inde. « Cette question n’a jamais été un problème pour l’Inde, mais elle est en train d’émerger/de devenir un problème après l’arrêt Roe ».

Dans d’autres pays, cependant, l’arrêt Roe v. Wade a fait considérablement prendre conscience au mouvement féministe, soulignant l’impératif d’efforts soutenus en faveur de l’avortement et montrant que des progrès sont possibles même dans des contextes mondiaux plus difficiles.

Les pays exemplaires présentés dans le rapport – y compris la Colombie – peuvent fournir des indications au niveau mondial, en favorisant des changements dans la dynamique des politiques de santé sexuelle et reproductive et les flux de financement.

Irène BATH (Sercom : PMNCH)

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