Agressions, emprisonnement, et attaques des manifestants: Amnesty International interpelle le gouvernement ivoirien

Abidjan, 18-08-2020 (AfrikMonde.com) «L’apparente collaboration de la police avec des groupes d’hommes armés, qui ne sont ni formés ni responsables, pour gérer les manifestations est extrêmement préoccupante. Cela représente une recrudescence alarmante de l’utilisation d’agents non officiels de «maintien de l’ordre» en Côte d’Ivoire, où nous avons déjà documenté de multiples violations des droits humains commises par des hommes armés en civil », déclarait Samira Daoud, directrice d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, face aux témoignages ‘’exclusifs’’ selon lesquels des policiers auraient autorisé des hommes munis d’armes blanches à attaquer les protestataires contre la décision du président Alassane Ouattara de briguer un troisième mandat à la présidentielle d’octobre 2020.

En effet, selon la note dont copie a été transmise à ‘’AfrikMonde’’, un policier en service le 13 août 2020, dans la commune Yopougon a, dans une interview accordée à la directrice d’Amnesty International confié qu’il était alarmé d’entendre ses collègues raconter comment les hommes armés avaient «aidé» la police à disperser les manifestants la semaine dernière. Il s’agissait, à en croire ledit document, de deux  mini-fourgonnettes (Gbakas) transportant des dizaines de jeunes hommes, dont certains armés, ont été conduits vers deux lieux de manifestation où  était présent l’officier.

Expliquant que ‘’la répression des manifestations est une violation flagrante des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique’’, la directrice d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, a indiqué que ‘’les autorités de Côte d’Ivoire devraient protéger, et non punir, les dirigeants de l’opposition, les dissidents, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme.’’

De fait, elle a appelé les autorités ivoiriennes à ‘’empêcher immédiatement’’ ces groupes armés d’hommes de commettre de nouveaux crimes et à mener une enquête approfondie, ‘’efficace et impartiale ‘’sur les allégations de violations des droits de l’homme commises par ces hommes, ainsi que sur la complicité apparente de la police, avant de conclure que les responsables doivent être traduits en justice dans le cadre de procès ‘’équitables’’ devant des tribunaux civils ordinaires.

Pour rappel, à la veille des manifestations, qui ont fait 5 morts et 104 blessés, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Sidiki Diakité, a annoncé que les manifestations n’étaient pas autorisées et a affirmé que son ministère n’avait pas été officiellement notifié.

Clarisse GBAKU