Affaire  »46 militaires ivoiriens pris en otage au Mali » : un internaute appelle à ne pas tomber dans le piège de la junte malienne

13-9-2022 (AfrikMonde.com) En début de journée du lundi 12 septembre 2022, Georges Ibrahim Tounkara a fait une publication sur sa page Facebook, pour interpeller sur les raisons du maintien en captivité des 46 soldats ivoiriens, otages du président de la transition militaire malienne, le colonel Assimi Goïta. Ci-dessous : l’intégralité de sa publication.

« La situation sécuritaire et sociale est très difficile au Mali. Les militaires au pouvoir à Bamako, avaient justifié leur coup d’Etat par le devoir d’instaurer la sécurité dans les régions en proie aux attaques terroristes et de changer la gouvernance. Mais, deux ans après, et en dépit d’importants achats d’armes à la Russie, la situation sécuritaire reste critique.

Des pans entiers du territoire échappent toujours au contrôle de l’Etat, des milliers d’écoles et de centres de santé restent fermés et les déplacés se comptent toujours par milliers. En outre, l’inflation est forte, les prix des produits de première nécessité sont parmi les plus hauts de la sous-région. L’Etat a aussi du mal à faire face à ses engagements, faute d’argent.

Et c’est dans ce contexte de morosité sécuritaire, sociale et économique, que survient la crise avec la Côte d’Ivoire. L’occasion est donc toute belle pour polariser l’attention des Maliens sur cette affaire de soldats ivoiriens. Désormais, tout est fait pour que les radars soient focalisés sur ce dossier et non sur les difficultés de la junte à faire face à l’insécurité.

Tout est fait pour que l’on oublie que les djihadistes continuent d’occuper de nombreuses localités du pays, que des civils sont chaque jour tués, que des milliers d’écoles restent fermées, alors que des mines ont été hypothéquées à travers des contrats passés avec des paramilitaires russes censés aider à la restauration de la sécurité. Face à un tel tableau, les militaires maliens aimeraient bien s’agripper à tout ce qui pourrait leur permettre d’expliquer l’échec qui se dessine.

Les autorités ivoiriennes doivent donc continuer à faire preuve de sagesse dans la réplique qu’elles pourraient donner à la détention prolongée des soldats que le Mali veut échanger contre certaines personnalités. Il est certain qu’Abidjan ne livrera aucune des personnalités réclamées par Bamako mais, il faut surtout éviter toute confrontation militaire. Dix ans d’insurrection djihadiste ont déjà déstabilisé le pays et la Côte d’Ivoire ne devrait pas servir de bouc émissaire à des militaires contre qui joue le temps : organiser des élections en février 2024 après avoir restaurer la sécurité qu’ils ont promis aux Maliens.

Il se dit qu’Abidjan pourrait bientôt suspendre la fourniture d’hydrocarbures et d’électricité au Mali et fermer ses ports aux camionneurs maliens. Des mesures qui avaient été envisagées il y a plus d’un mois mais que le président Ouattara avait refusé d’appliquer pour donner des chances à la diplomatie.

Hélas ! toutes les initiatives diplomatiques (du Togo, de l’Onu, du Sénégal, du Nigeria, et de bien d’autres pays, ainsi que des religieux maliens) se sont heurtées à l’intransigeance de la junte. L’engagement pris récemment par la Côte d’Ivoire à travers la déclaration lue à Lomé, n’aura également rien changé à cette intransigeance de la junte malienne. »

Georges Ibrahim Tounkara

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