Entretien/Me Golé Marcellin (Maire de N’douci) ‘’Pour se développer, les villages rattachés doivent être lotis’’

7-11-2022 (AfrikMonde.com) Alikro, Yaobakro et Béhikro, sont de gros et grands campements en passe de devenir des villages. Ceux-ci sont rattachés à la commune de N’douci, mais qui restent enclavés. Parti partager ces souffrances avec ses parents, le maire de N’douci, Me Golé Marcellin, a fait l’amer constat de l’état des routes avant de proposer des pistes de solutions et évoquer des projets avec ceux-ci.

Monsieur le maire vous sortez d’une rencontre d’échanges avec les populations d’Alikro, campement rattaché à votre commune. En venant vous avez fait vous-même l’état des lieux de la route.

Je connais bien Alikro, Alikro c’est ma base, Alikro a été installé par mes parents. J’avoue que je suis peiné, la rivière, le Kassa, qui coupe Alikro du reste de la commune, nous avons fait l’amer constat de ce que la voie n’est pas du tout praticable. Le constat est désolant et c’est justement pour cela que je suis là pour apporter espoir, pour partager cette souffrance avec mes parents et leur dire de garder espoir, de compter sur soi-même, de travailler, de rester unis et lorsqu’on verra Alikro se développer la mairie viendra avec l’Etat ; parce qu’il y a des compétences qui sont au-delà de la compétence de la commune. Donc nous allons nous y atteler. Je suis donc venu pour qu’on puisse s’organiser en coopérative, le cacao est produit abondamment ici, vous voyez c’est séché partout dans le village, et que s’ils sont constitués en coopérative, ces structures qui sont chargés d’enlever ces cacaos pourront nous aider pour qu’ensemble on puisse régler ce problème de route. Sinon ce n’est pas du tout facile. Mais les populations y vivent ici de façon paisible et donc le reste sera fait.

Il a été aussi question au cours des échanges de faire le lotissement de ce gros et grand campement.

Effectivement nous avons évoqué aussi cette question. Je leur ai dit que la terre appartient à nos parents et donc aujourd’hui moi en tant que maire je donne l’autorisation de faire le lotissement. Parce que pour faire un lotissement il faut être propriétaire de la terre mais nos parents sont là depuis plus de 50 ans, nous ne pouvons pas leur nier cette existence et donc ils doivent se développer. Et pour se développer il leur faut une base foncière, c’est le lotissement. Sans lotissement nous ne pouvons rien faire ; il ne peut pas avoir de conduite d’eau, d’électricité, on ne peut pas construire de maisons décentes et donc je donne mon avis favorable pour ce lotissement. Donc moi je leur ai demandé de trouver des opérateurs sérieux, un expert géomètre et que nous nous retrouvions très prochainement pour mieux appréhender cette question cruciale pour jeter les bases du développement. Ils ont amorcé un développement qui pour moi n’existe pas parce que mettre les bornes ce n’est pas un lotissement. Il y a le préalable : il faut l’accord favorable du maire, il faut une attestation de propriété, il faut une enquête de commodo incommodo, il faut sortir beaucoup de chose, nous allons régulariser toutes ces choses pour que la population puisse avoir son lotissement. Je suis venu donc leur dire qu’il faut nécessairement ce lotissement, chose par lequel ce village va se créer. Je note passage qu’Alikro est campement et que pour qu’il y ait village, il faut un lotissement, il faut une chefferie, il faut au moins 500 habitants, toutes ces conditions sont réunies sauf le lotissement. Ça sera après cela que le ministère de l’intérieur pourra prendre, avec notre avis favorable, l’avis favorable du sous-préfet, du préfet, l’arrêté pour ériger Alikro en village. Et donc comprenez l’importance de ce lotissement que je veux achever d’ici la fin de l’année 2023.

Il y a eu l’annonce de plusieurs projets en faveur des populations.

Tout à fait ! Il y a d’abord l’électrification villageoise. Alikro n’étant pas lotis, il ne peut avoir une électrification normale ; mais Alikro aussi a droit à la lumière et donc nous avons pensé aux panneaux solaires. Ça, nous pouvons le faire et c’est inscrit au budget 2023 et dès l’entame de l’année la vaste opération sera lancée dans les villages concernés pour permettre à nos enfants d’avoir de la lumière. Ici à Alikro j’ai été content et heureux de visiter l’école même si c’est l’œuvre d’une Ong, cela permet déjà à nos enfants d’apprendre. Et quand ils reviennent de l’école il faut qu’ils aient la possibilité d’apprendre sous la lumière. La construction d’une école est prévue dans l’exécution du programme triennal 2024. Outre l’aspect éducatif, nous avons abordé avec eux la question de l’autonomisation des femmes, des jeunes et même des vielles personnes. Aujourd’hui avec la rareté des terres cultivables nous leur avons proposé la culture hors sol. Nous avons un partenaire qui est venu exposer sur ce projet. Et tout de suite il a été approché par une grosse structure, une entreprise transformatrice des légumes et de fruits, à la sortie de N’douci qui serait prête à racheter toutes les productions. D’ailleurs l’entreprise en question à donner de façon gratuite, des parcelles à notre partenaire pour que ces cultures hors sol qui sont rentables sur une petite superficie puissent avoir lieu. J’ai parlé aussi de l’attiéké qui est aujourd’hui la nourriture principale, on peut le conserver sur une longue période, on peut le consommer sur plusieurs facettes. J’ai donc demandé que les femmes soient constituées en coopérative ainsi que les jeunes. Le cacao aussi il faut les producteurs soient en coopérative car nous avons une grosse structure au niveau de Tiassalé qui de la transformation. Et c’est en coopérative qu’ils pourront véritablement vendre leurs produits. Donc voici les projets que nous avons porté à leur connaissance. Nous reviendrons pour continuer le travail. Nous comptons sur la cohésion, sur le vivre ensemble, nous comptons sur la détermination, le dévouement des cadres du village, sur l’ensemble de la population pour que ce grand rêve que nous avons tous pour Alikro puisse devenir réalité.

En votre qualité de délégué Pdci-Rda de N’douci la question de l’opération d’enrôlement sur la liste électorale n’a pas été occultée ?

J’ai profité pour donner l’information officiellement et encourager les populations à se faire enrôler parce que c’est un indice de développement. Car l’on s’adosse sur ces éléments pour pouvoir comprendre l’importance de la population. Donc je leur ai demandé de s’enrôler, que tous les enfants qui sont d’Alikro, qui sont hors d’Alikro, tous les enfants qui ont atteint l’âge de 18 ans, qu’ils se fassent enrôler pour prendre part au vote car tout cela participe au développement étant donné qu’Alikro fait partie de la commune. Il ne faut pas demeurer en reste. Si Alikro compte 1000 habitants et que c’est seulement 100 qui sont inscrits je parie qu’on ne prendra pas Alikro au sérieux. Qu’Alikro face le plein car ils ont tout à gagner que les autres localités de la commune. Donc voilà le message que j’ai passé, du 19 novembre au 10 décembre 2022, il ne faut pas qu’Alikro se laisse compter et que tous ceux qui sont dans toutes les contrées, les filles et fils d’Alikro qui sont partout sur l’ensemble du territoire, viennent se faire recenser ici, pour voter ici. Pas de transhumance, car la transhumance est punie par la loi, nous parlons des natifs, ceux à même de justifier leur attachement à Alikro. Voici donc le message que j’ai passé car cela va nous permettre d’avoir un indicateur et amorcer le développement sur le plan local comme sur le plan national.

Réalisé à Alikro par Bamba Yves

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