Edito : après la victoire et avant les bilans, nos réalités

19-2-2024 (AfrikMonde.com) Il y avait tout dans cette image de la foule qui courait après la caravane des récents vainqueurs de la Coupe d’Afrique des nations lors de leur tour d’honneur. Elle transpirait sous un soleil de plomb, tandis que les joueurs du haut de leur piédestal mouvant, de leur portable de dernière génération, filmaient…

La cérémonie tire sa révérence sur des notes aussi agréables qu’amères. A l’heure du bilan, des larmes de joie et d’autres de tristesse s’alternent.

Le peuple, ce 13ième homme des tribunes, n’a que ses yeux pour envier ces footballeurs et leurs différents encadreurs qui, en plus de la coupe et des médailles, sont récompensés à coup de millions. C’est le paradoxe de l’injustice, crie le peuple. Il faut s’y faire et apprendre donc à se contenter de la joie qu’une troisième étoile brodée sur un maillot orange qui va pulluler les rues aussi longtemps que s’amenuise ce sentiment de fierté.

Du coup, pour certains, on aurait dû investir dans le bien-être du peuple au lieu de construire de coûteux stades profitables que le long de la compétition. Ainsi, la liste des doléances des détracteurs se veut aussi longue que prioritaire.

A croire qu’il serait plus judicieux de s’engager à l’international une fois l’émergence acquise. En d’autres termes, toute la politique gouvernementale devrait exclusivement se porter sur la chose matérielle : alphabétisation, assurance universelle, école, soin pour tous, etc.

Quel est donc ce travailleur qui risque de s’effondrer sur sa machine pour manque de repos ? Quel entrepreneur ne saurait s’offrir des vacances ? A défaut de peupler les bidonvilles, les pauvres ont aussi besoin de se distraire !

En effet, je n’arrive pas à concilier dans mon imaginaire, un pays à la pointe de la technologie avec des hôpitaux aux plateaux techniques soutenus, organiser une compétition telle que la CAN avec des stades, un réseau routier voire une hôtellerie de fortune.

Il ne s’agit pas de lutte traditionnelle où un bac à sable suffirait. Le football a été inventé par les Anglais. Qui veut organiser un match de foot devra donc suivre les règles que les Anglais se sont imposées avec son corollaire d’accommodations. Si la FIFA l’a élevé au rang mondial, comment est-ce que la Côte d’Ivoire envisagerait de faire autrement ? Cette distraction de la CAF, fillette de la FIFA a un coût. Mondialisation ou standardisation, il est du ressort de l’appareil étatique de s’y conformer sans toutefois compromettre son programme de gouvernance.

La Côte d’Ivoire atteindra ses objectifs dans la chronologie de son timetable. Ses Centres hospitaliers, pour ne citer qu’eux, se doteront tous, éventuellement, de scanners et autres… Je comprends que certains le souhaiteraient là, maintenant – tout de suite ! Mais à bien regarder autour de nous, il est plus qu’évident que les choses avancent.

La construction d’un stade, la cerise sur le gâteau dans notre cheminement, n’en pâtit en rien sur le déroulé du chronogramme de la nation.

Pour un Etat qui se veut émergent, on ne peut pas rester en marge et espérer prendre le train en marche, plus tard. Cette compétition a apporté beaucoup sur le plan touristique sans compter ces nombreux emplois saisonniers, mais combien de fois salvateurs. On gagne en expérience face aux problèmes rencontrés lors de cette fête. Une étoile en plus pour une question de prestige.

Que valent la plainte et la critique quand certains de ces complotistes n’ont eu aucun remords à se lancer dans des surenchères sur des tickets d’accès aux stades, sabotant au passage l’image de toute une nation ? Stades qu’ils jugeaient pourtant hors de prix. Il en demeure donc que pour construire une nation, il faut avoir une vision, un objectif, de la discipline. Savoir s’abstenir d’autant plus qu’il est un temps pour tout : un temps pour travailler et un autre pour palier au stress.

Nda Kakou 

AfrikMonde.com