3 questions à… Koné Daouda (Directeur de EPP KPATO) : « Trop de difficultés … »

Des enseignantes à leur poste (PH/OPP.BATH)

Abidjan, 07-6-2021 (AfrikMonde.com) En exercice  depuis 2010 à Kpato, village situé à 15 kilomètres de la ville de Sakassou, Koné Daouda met à nu les réalités qu’il vit. Entretien :

 Cela fait 11 ans que vous êtes dans la circonscription de Sakassou. Parlez-nous des réalités que vous vivez à Kpato ?

Effectivement, cela fait environ 11 ans  que nous sommes dans la circonscription de Sakassou, notamment dans le village de Kpato où nous sommes confrontés à de nombreuses difficultés. La première difficulté est que nous sommes en nombre déficitaire. Nous travaillons avec cinq maîtresses et un bénévole. Depuis la décision du Président Alassane Ouattara de supprimer les Coges, les parents qui n’ont pas su faire la lecture de cette décision, ont délaissé l’école. Qui va donc débourser de l’argent pour assurer le salaire du bénévole ? Une question à laquelle nous n’arrivons pas à répondre.

Une vue de la classe de CM2 (PH/Opp BATH)

La deuxième difficulté, c’est le problème de logement. L’on ne peut demander pas à deux fonctionnaires de partager quatre logements alors que nous voulons six enseignants. Les deux autres étant en état de délabrement. A ce sujet, nous disons merci à des cadres qui nous viennent souvent en aide à travers leurs différents dons en kits scolaires pour aider les élèves les plus démunis et la réhabilitation de certains logements des enseignants. Cependant, beaucoup reste à faire ; voilà pourquoi nous attendons l’aide des autres cadres du village ainsi que les mutuelles qui nous viennent souvent en aide.

Les logements des enseignants envahis par les broussailles (PH/Opp.BATH)

La troisième difficulté, ce sont les abandons. A l’EPP Kpato, sur 68 élèves, nous avons enregistré 14 cas d’abandon l’an dernier. Selon les parents de ces élèves, cette situation est d’ordre familial. Il y a également le problème de retard, surtout les villages qui sont près de l’école. Nous demandons donc aux parents de jouer leur rôle. C’est aussi leur responsabilité. La quatrième difficulté, c’est l’insécurité  au sein de l’école. Nous avons été plusieurs fois victime de vol. Des raisons qui peuvent amener les enseignants à quitter le village. Nous souhaitons des logements en nombre d’autant qu’il peut avoir des affectations. Si l’on n’y prend garde, les dix années à venir, l’EPP Kpato sera rattrapé par un problème d’effectif. Il faut donc la construction d’un autre bâtiment. Disons, deux classes de CP1. Pour l’heure, nous enregistrons 224 élèves au total dont 124 garçons et 100 filles.

Qu’en est-il de la non-électrification du village ?

Le problème de la non-électrification favorise le départ des enseignants du village. C’est également un véritable handicap quant à l’information via les Nouvelles technologies de l’information (Connexion, internet).C’est seulement une fois à Sakassou que nous sommes informés de l’actualité d’ici et d’ailleurs. Alors que nous avons besoin d’être au même niveau d’informations que les autres. Concernant ce volet, nous ne pouvons pas accuser les villageois car c’est un projet national.

Des élèves de CM2 attentifs aux préoccupations de la reporter (PH/Opp.BATH)

Votre mot de fin

Nous interpellons les parents d’élèves quant à l’éducation de leurs progénitures qui n’est pas seulement l’affaire des enseignants. Qu’ils sachent que c’est également la leur. Les enfants passent assez de temps avec leur parents tout comme avec nous leurs enseignants. De ce point de vue, les parents doivent s’associer à nous pour assurer l’éducation de leurs enfants.

Photo de famille avec les apprenants de la classe de CM2 (PH:Opp.BATH)

 Vous souhaitez  alors, le retour de la chicotte ?

Non, nous ne souhaitons pas le retour de la chicotte mais, il faut tout de même une petite pression sur les enfants. Il faut également qu’ils respectent l’uniforme scolaire qui crée l’harmonie entre les élèves. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Ce sont des citoyens de demain que nous formons. Il faut donc la ponctualité des enfants à l’école ainsi que l’uniforme pour distinguer l’enseignant de l’enseigné. Juste pour le bonheur des enfants.

Réalisée par : Clarisse GBAKU