Présidentielle en Guinée : au moins trois morts dans des heurts à Conakry

Des heurts entre les forces de l’ordre et des partisans de l’opposant Cellou Dalein Diallo, qui s’est autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle de dimanche en Guinée, ont fait au moins trois morts, mercredi 21 octobre à Conakry, exacerbant la tension dans l’attente des résultats complets du scrutin.

« Au moins trois personnes ont été tuées, que j’ai vues de mes propres yeux entre Lambanyi et Sonfonia », deux quartiers de la banlieue nord de la capitale, et « une dizaine d’autres ont été blessées », a déclaré à l’AFP l’adjudant Mamadou Kéganan Doumbouya. Il a cité « un jeune d’une trentaine d’années » tué d’une balle « venant de je ne sais où » et un homme « fauché par un minibus venant à pleine vitesse sur un trottoir ». Il n’a pas donné d’indication sur les circonstances de la mort de la troisième victime.

Selon Hadjiratou Barry, une habitante du quartier de Bailobaya, son frère a été « tué par les forces de l’ordre, qui lui ont tiré dessus alors qu’il tentait de fuir ». Un médecin ayant requis l’anonymat a assuré avoir reçu « deux corps et neuf blessés » dans une clinique. Selon le parti de Cellou Dalein Diallo, les scènes de joie qui ont suivi sa déclaration de victoire, lundi, avaient entraîné des violences qui ont fait quatre morts dans ses rangs.

Depuis mercredi matin, une épaisse fumée noire s’échappait de plusieurs carrefours de la route Le Prince, qui traverse les fiefs de l’opposition dans la banlieue de la capitale, où des barricades ont été placées sur la route et enflammées, selon des journalistes de l’AFP. Dans l’un de ces quartiers populaires, Wanindara, les forces de l’ordre peinaient à contenir des dizaines de jeunes sortant des ruelles pour se rassembler sur la route principale, jetant des pierres sur les policiers, qui répondaient à coups de gaz lacrymogène, de pierres et de frondes, selon la même source.

« Appel au calme » d’Alpha Condé

Des coups de feu continuaient d’être entendus dans le quartier de Hamdallaye Rond-Point mercredi en début d’après-midi, selon une habitante jointe par l’AFP. De nombreux témoins ont rapporté avoir entendu des tirs et d’autres ont téléphoné à l’AFP pour dire qu’il y avait d’autres victimes, sans que ces informations puissent être vérifiées dans l’immédiat de source indépendante. Des heurts ont également éclaté mercredi à Mamou et Labé, dans le centre du pays, selon des sources sécuritaires et diplomatiques en Guinée.

Le président sortant, Alpha Condé, qui brigue à 82 ans un troisième mandat controversé, a lancé sur les réseaux sociaux un « appel au calme et à la sérénité, en attendant l’issue du processus électoral en cours dans notre pays ».

La commission électorale a annoncé mardi soir des premiers résultats portant sur quatre des 38 circonscriptions du pays, dont trois à Conakry et sa périphérie. Alpha Condé l’emporte largement dans les quatre circonscriptions sur son principal rival, Cellou Dalein Diallo, 68 ans, et dépasse les 50 % dès le premier tour dans trois d’entre elles, selon ces résultats qui ne permettent pas « d’extrapoler » un résultat national, selon un responsable de la commission électorale. Le camp de M. Diallo a accusé celui du chef de l’Etat de « tout mettre en œuvre pour faire modifier les résultats sortis des urnes en sa faveur ».

« Bien sûr qu’il y aura un vainqueur, mais ce n’est pas pour autant que la démocratie sera menacée ou que la paix sociale devient impossible. Si la victoire me revient, je reste ouvert au dialogue et disponible à travailler avec tous les Guinéens », a assuré mercredi M. Condé sur Facebook, se disant « conforté » par les premiers résultats publiés.

Le Monde avec AFP