Abidjan, 05-08-2020 (AfrikMonde.com) Un atelier de vulgarisation des lois sur la presse, la communication audiovisuelle et la communication publicitaire
Des journalistes de Côte d’Ivoire, est organisé à l’attention des journalistes de Côte d’Ivoire. A cette occasion, le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Sidi Tiémoko Touré a prononcé le discours d’ouverture.
Ci-dessous, l’intégralité de sa communication
Messieurs les Présidents des Autorités Administratives Indépendantes du secteur de la Communication et des Médias, j’ai nommé la HACA, l’ANP et la CAIDP,
Mesdames et Messieurs les Présidents des organisations professionnelles du secteur de la Communication et des Médias,
Honorables invités,
Chers amis de la Presse,
Le secteur de la communication et des médias est en pleine mutation depuis ces quinze dernières années, à travers le monde entier. Ce bouleversement impacte forcément des pays comme le nôtre. Il est marqué par la libéralisation de l’espace audiovisuel, l’avènement de la Télévision Numérique Terrestre (TNT), et le développement quasi viral des nouveaux médias que sont les réseaux sociaux, la presse en ligne, le web Tv, etc. La communication publicitaire n’y échappe pas.
Conscient de ces nouveaux enjeux et défis, le Gouvernement a accordé, dans le Plan National de Développement (PND 2016-2020), une place importante au secteur de la communication et des médias en son Axe 1 : « Renforcement de la qualité des institutions de la gouvernance sous toutes ses formes ».
Pour adapter le cadre législatif et règlementaire ivoirien à la nouvelle donne, et renforcer les actions de l’Etat en matière d’information, de communication et de médias, la Côte d’Ivoire s’est engagée, dans des réformes hardies pour doter l’écosystème de la communication et des médias de lois appropriées, voire progressistes, dont les premières ont d’ailleurs été adoptées en pleine crise en 2004. Il s’agit de la loi sur la Presse et de la loi sur la communication audiovisuelle dites lois jumelles.
Mais, c’est véritablement à partir de 2011 que le secteur va enregistrer de grands changements à partir des expériences et de la pratique des premières lois. Cette capitalisation des acquis va nous conduire à l’adoption en 2017 de deux nouvelles lois, c’est-à-dire la loi No 2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la Presse en Côte d’Ivoire et la loi N° 2017-868 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la communication audiovisuelle, dont les décrets d’application ont été pris en 2019. En outre, la loi portant régime juridique de la communication publicitaire a été votée par le Parlement et promulguée par le Président de la République, le 16 juin 2020.
Ces grandes avancées enregistrées ces dernières années, notamment depuis 2018, ont été impulsées par des réflexions inclusives initiées et s’inscrivant dans le document-cadre de Politique Nationale de la Communication et des Médias (Ponacom 2019-2023).
La Ponacom 2019-2023 a établi le diagnostic de la situation de la communication et des médias en Côte d’Ivoire, relevé les acquis, et mis en lumière les enjeux et les défis de cet écosystème. Elle a défini les orientations stratégiques, ainsi que le cadre de mise en œuvre et de suivi-évaluation.
La Politique Nationale de la Communication et des Médias, faut-il le rappeler, se décline en quatre (04) stratégies, à savoir :
- la Stratégie de Développement de la Presse (Sdep)
- la Stratégie de Développement de l’Audiovisuel (Sdav) ;
- la Stratégie de Développement des Nouveaux Médias (Sdnom) ;
- la Stratégie de Développement de la Communication Publicitaire (Sdcop).
Mesdames et Messieurs,
Chers participants,
Après deux années de mise en œuvre de la Ponacom qui a permis, à travers ses différents axes stratégiques susmentionnés, d’avoir une bonne lisibilité des actions menées dans notre département ministériel, quel est le bilan d’étape, au 05 août 2020 ?
Il est important de rappeler que le diagnostic réalisé sur le secteur, en 2018, révélait :
-une faible viabilité économique des entreprises de presse opérant dans le domaine, due à leur mauvaise gestion et la mévente des journaux ;
-une faible vitalité économique des entreprises audiovisuelles. Ce qui s’explique, d’une part, par la concurrence accrue des chaînes étrangères, et d’autre part, par leur faible capacité d’adaptation à l’évolution technologique ;
-une anarchie dans le secteur de la communication publicitaire marquée par la pose non contrôlée des dispositifs d’affichage publicitaires, et la non intégration des nouveaux supports numériques dans les initiatives de développement ;
-une absence de régulation des Nouveaux Médias, alors qu’ils se sont imposés dans le paysage de la communication.
Mesdames et Messieurs,
Bien de ces problématiques ont fait l’objet de traitements diligents, permettant ainsi de capitaliser de nombreux acquis depuis 2018. L’élaboration même d’un document-cadre de Politique Nationale de la Communication et des Médias (Ponacom 2019-2020) qui s’appuie sur le PND 2016-2020 et se projette dans un horizon temporel quinquennal, est une innovation. Ce d’autant que ce document constitue pour l’Etat, un outil d’appréciation, de suivi et d’évaluation.
Au niveau du développement de la presse, l’Aide de l’Etat a été revue à la hausse, en perspective de l’élargissement des missions du Fonds de Soutien au Développement de la Presse (FSDP) pour la prise en compte des médias audiovisuels et numériques, ainsi que la prise en compte des questions de genre. Ainsi, le budget du Fonds qui était de 1,8 milliards de francs CFA en 2019 est passé à 2,6 milliards de francs CFA en 2020, soit une hausse de près d’un milliard !
Des appuis directs de l’Etat ont été accordés aux médias de service public. C’est le cas de la Société Nationale de Presse et d’Edition (Snpeci) qui a bénéficié d’un appui substantiel de plus de trois (03) milliards de francs CFA dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de redressement.
L’Etat a également renforcé les capacités de l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), en la dotant en 2019 et 2020 de plus de moyens de mobilité et d’équipements lui permettant d’envisager sereinement sa migration vers le multimédia. L’Agence s’est dotée, en outre, de quatre (04) nouveaux postes de collectes départementaux et de deux bureaux régionaux, dont l’un à Séguéla, avec un bâtiment construit et opérationnel, et l’autre à Man (en cours de réalisation).
La RTI a, pour sa part, bénéficié d’appuis publics pour être en capacité d’affronter la libéralisation de l’espace audiovisuel.
Comme vous pouvez le noter, les médias de façon générale bénéficient d’une attention de plus en plus soutenue de l’Etat.
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui, la libéralisation de l’espace audiovisuel tant attendue est devenue une réalité. Ce processus est à son point visible, avec l’arrivée de trois (03) nouvelles chaînes de télévision d’accès libre que sont NCI, Life TV et A+ Ivoire. A cela s’ajoute le lancement prochain d’une quatrième chaîne (7 infos). On note également une diversification des offres au niveau des bouquets terrestres, avec Startimes, Easy TV (Canal+).
L’espace audiovisuel ivoirien s’est donc diversifié au grand bonheur des populations.
Mais qu’en est-il du déploiement de la Tnt (Télévision Numérique Terrestre) ? Le processus, rappelons-le, a été engagé depuis janvier 2012, avec l’adoption de la stratégie nationale, le 19 septembre 2012 en Conseil des Ministres, suivie de la mise en place d’une équipe projet. Au cours des deux dernières années, une véritable accélération a été donnée à ce projet. A cet effet, une mobilisation de financement de la TNT a été faite auprès des banques commerciales locales, ce qui nous permettait d’envisager une couverture totale du territoire national en fin d’année 2020, n’eût été le ralentissement général de l’activité économique par la pandémie à Covid-19. Pour l’heure, 60% de la population ivoirienne est en capacité de bénéficier de la TNT.
La naissance de l’entreprise IDT, opérateur national de diffusion distinct des entreprises éditrices de programmes, créé dans le cadre de la mise en œuvre du processus de migration vers la TNT s’inscrit dans la logique de développement global de l’espace audiovisuel. Elle est au service de tous les éditeurs et dispose de trois (03) Multiplex pouvant accueillir chacun, jusqu’à vingt (20) chaînes en standard diffusion (SD) ou cinq (05) à sept (07) chaînes en haute définition (HD). Mais pour une bonne maîtrise du processus de libéralisation, l’Etat s’est limité, à un nombre maitrisé, dans un premier temps, afin de garantir une viabilité économique des chaines de télévisions.
Enfin, je ne saurais occulter, dans ce vaste chantier d’offres audiovisuelles, l’important don de la Chine qui a permis de doter en 2019, cinq cent (500) villages ivoiriens de la télévision par satellite, permettant ainsi à certains de nos concitoyens de suivre les informations d’ici et d’ailleurs.
Mesdames et Messieurs,
Chers participants,
La nouvelle loi sur la Communication publicitaire permet de donner une dynamique certaine à ce secteur. Elle met en conformité nos textes avec la règlementation internationale relative à la publicité de certains produits (alcool, tabac, etc…).
L’application de cette loi permettra de doter le secteur d’une véritable Autorité Administrative Indépendante ayant tous les pouvoirs pour conduire l’ambitieux travail d’assainissement qui a débuté il y a une année. A titre de rappel, ce travail d’assainissement nous a permis de parvenir à une réorganisation de l’affichage publicitaire dans tout le district d’Abidjan. Au total, 1600 panneaux routiers ont été démantelés à ce jour. L’opération se poursuit et va s’étendre à l’intérieur du pays. Grâce à un système de géolocalisation mis en place par le BNETD, tous les panneaux d’affichage ne respectant pas la règlementation en vigueur sont identifiés et feront l’objet de dépose.
Mesdames, Messieurs
Chers Professionnels de la Communication ;
Distingués invités ;
Ces différents textes de loi apparaissent comme une boussole devant servir à encadrer toutes les initiatives tant publiques que privées, lesquelles assureront, à n’en point douter, un développement harmonieux du secteur. L’appropriation en outre, de ces textes par les différents acteurs, contribuera à améliorer les relations entre l’administration et les administrés.
En initiant le présent atelier, mon département a pour objectif de vous de présenter les textes majeurs du secteur de la communication et des médias afin de vous permettre d’échanger, de comprendre et de vous approprier les composantes des lois sus énoncées.
C’est pourquoi, je vous exhorte à suivre avec une attention soutenue les différents thèmes qui seront exposés, afin d’en tirer le meilleur parti. C’est à cet égard que je souhaiterais inviter tout particulièrement les professionnels de la communication publicitaire (agence-conseil, régies, courtier et éditeur), à s’approprier la nouvelle loi qui leur est dédiée, afin que chacun dans son domaine d’activité, puisse en faire une large diffusion, pour une meilleure connaissance de ce qui constitue désormais le document de référence en la matière.
Bon courage à vous !
Merci de votre attention soutenue !
Je déclare ouvert l’Atelier de vulgarisation des lois sur la presse, la communication audiovisuelle et la communication publicitaire.
Clarisse GBAKU