Contrôle des établissements privés d’enseignement : des syndicats d’élèves et d’étudiants dénoncent le clientélisme et la mafia autour de l’école

Le respect du décret Numéro 97-675 du 03 décembre 1997 exigé

Des organisations estudiantines et scolaires dénoncent le non-respect du décret numéro 97-675 du 03 décembre 1997 fixant les conditions de concession du service public de l’enseignement à des établissements privés et appellent les ministères concernés à adopter de nouveaux outils de contrôle

Dans une déclaration rendue publique, le lundi 24 juin 2024, la Ligue des organisations Estudiantines et scolaires pour le Changement constituée de l’UNESCI, l’UMES-CI, l’OEBCI et du RESPET a adressé un mot de revendication aux trois (3) ministères en charge de l’école ivoirienne ; à savoir celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, de l’Education nationale et de l’Alphabétisation ainsi de l’Enseignement Technique et de la Formation professionnelle.

Après trois mois d’enquête auprès des établissements privés d’enseignement supérieur et secondaire, la plateforme porteuse de ladite revendication dit avoir conclu que le système de contrôle mis en place par les différents ministères du secteur Education-Formation est dépassé ou dans le cas contraire, les structures commises à cette tâche ne font pas le job.

« Au titre du personnel enseignant et administratif des collèges privés d’enseignement secondaire, nous avons fait l’amère constat que sur 20 enseignants dans un établissement, il y a en moyenne 15 qui n’ont pas d’autorisation d’enseigner. Renseignement pris, il s’avère que les fondateurs d’établissements préfèrent recruter des enseignants qui ne disposent pas d’autorisation d’enseigner pour leur attribuer des salaires dérisoires. Certains enseignants sont payés à 500F l’heure ici à Abidjan. Résultats des courses, certains sont obligés de vendre les notes des devoirs pour arrondir leur fin de mois », soutient le porte-parole de la Ligue des organisations estudiantines, Kouamé N’Guessan Jean Vincent dit NL Pacifique, actuel président en exercice de l’UNESCI.

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, Pacifique et ses autres camarades estiment qu’il y a une quasi absence des autorisations d’enseigner et de diriger. « Nous avons interrogé un recteur d’université privé, qui a dit faire la demande des autorisations de son personnel enseignant auprès du MESRS moyennant de l’argent, mais que ces autorisations ne sont jamais sorties. Nous avons aussi remarqué que le Ministère de l’enseignement supérieur ne fait pas de communication sur le processus de délivrance des autorisations d’enseigner et de diriger. Comment donc s’assurer que les établissements privés d’enseignement recrutent des enseignants de qualité pour la formation des étudiants que l’État affecte chaque année en masse dans ces établissements », a-t-il dénoncé. Puis, de dénoncer l’opacité qui plane sur l’orientation des nouveaux bacheliers sous le contrôle d’une mafia sur fonds de commerce illicite.

« Nous sollicitons un débat public pour que les responsables chargés du contrôle des établissements privés d’enseignement, nous rendent des comptes. L’État ne peut plus se permettre de payer des agents pour faire un travail qu’ils ne font pas ou le font de manière contraire à ce qui leur est assigné. Cela doit prendre fin et nous nous y engageons à prendre toutes les dispositions à cet effet. L’enseignement privé en Côte d’Ivoire apparaît comme un business qui gangrène notre système d’éducation et de formation. L’État doit asseoir un véritable système de contrôle de ces établissements pour une meilleure formation de l’élite de demain », a martelé le porte-parole.

Michaël Doug

AfrikMonde.com