Interview/ Koffi Jean-Marie (président ’’Scoops Sakpa’’) : « Nous plaidons pour la mécanisation de nos champs »

Une vue de la pépinière d’oignons (PH/AfrikMonde)

Abidjan, 09-08-2021 (AfrikMonde.com) Situé à 15 Km de Sakassou, le village Kpato s’est doté d’une Société coopérative simplifiée (’’Scoops Sakpa’’).

Rencontré, Koffi Tanoh Jean-Marie, président de ladite coopérative s’est ouvert à « AfrikMonde.com » pour plus d’informations sur cette coopérative qui regroupe environ une soixantaine de membres. Interview :

Pourquoi ‘’Scoops Sakpa’’ ?

Notre site maraîcher est situé à 1.5 Km du village Kpato.

Notre coopérative regroupe environ soixante membres actifs. Nous faisons en grande partie la tomate ; mais cette année, nous avons opté pour la culture de l’oignon.

La coopérative est composée de vingt femmes et quarante hommes. En clair, nous développons beaucoup plus l’oignon depuis quelques mois. Notre coopérative qui est composée essentiellement de jeunes,

a été créée en 2008. Nous sommes passés en Scoops en 2011. L’idée de la création est venue depuis 2010 grâce aux jeunes qui sont venus de Zatta ; un village environnant de la ville de Yamoussoukro où la culture de la tomate est beaucoup développée. Ce sont en effet, eux, qui se sont intéressés à cette culture au point de l’implanter à Kpato.

Le président de Scoops Sakpa, sur le site de quelques plants de tomate (PH/AfrikMonde)

De premier producteur de tomates dans la région, vous semblez  être à la traîne aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il en est exactement ?

Aujourd’hui, nous ne produisons plus la tomate comme par le passé. Nous ne sommes donc plus donc le premier producteur de la tomate de la région. Tout cela parce que nous sommes en proie à d’énormes difficultés. Pour tout dire, notre site devant servir à la culture de la tomate n’a pas été aménagé comme il se doit. Les techniciens commis à la tâche n’ont pas réussi l’aménagement.

Le projet propacorm avait voulu aménager un site de plus de quatre hectares pour la jeunesse que nous sommes. Malheureusement, l’aménagement n’a pas été fait comme il se doit.

Il y a eu des failles dues à l’entrepreneur. Du coup, notre retenue d’eau devant être aménagée pour être transformée en barrage a foiré. Comme on le voit, les bailleurs ont investi beaucoup d’argent dans ce projet pour rien. Gagnés par le découragement, les jeunes ont délaissé cette activité au profit d’autres activités telles la culture de l’oignon.

 Vous avez opté pour la culture de l’oignon. Tout se passe donc bien ?

Il faut cependant reconnaître que l’activité concernant la tomate n’est pas aussi facile comme cela peut paraître.

Elle nécessite de gros investissements. Lorsqu’un jeune s’investi à fond dans la tomate et qu’il n’a pas gain de cause, comprenez qu’il se décourage. Voilà pourquoi nous avons décidé d’expérimenter l’oignon qui ne nécessite pas de gros moyens. Avec l’oignon, c’est la semence qui est un peu coûteuse. Par exemple, la boîte de 500 grammes, coûte entre 25 à 30 000 FCFA. Cette activité ne requiert pas non plus trop d’efforts physiques, contrairement à celle de la tomate. L’oignon n’a pas besoin d’être triturée. Il suffit de réussir la pépinière, faire le repiquage et le suivi est facile, contrairement à la tomate. La rentabilité d’une activité  dépend du plan de campagne. Lorsque nous avons fait notre plan de campagne, nous l’avons calé en fonction de la période où il y a pénurie d’oignons violets ARA, que nous cultivons en ce moment. A dire vrai, l’oignon que nous nous engageons à produire en ce moment est déjà acheté.         Puisqu’à la période de récolte, il n’y a pas d’oignon sur le marché. Nous avons déjà des clients potentiels qui sont aux aguets. Nous allons effectuer la récolte dans trois mois. Tout comme la tomate, le cycle de l’oignon est aussi de trois mois et demi. C’est seulement la pépinière de l’oignon qui met un peu plus de temps avant d’être repiquée.

Koffi à la tête de ‘’Scoops Sakpa’’. Qu’est-ce qui a milité en votre faveur ?

Ce qui a milité en ma faveur pour la présidence de la coopérative, c’est ma vision. Aussi, ayant fait la ville et le village, j’ai cette facilité d’organiser le groupe et de participer à toutes les réunions. Je suis en outre un rassembleur. C’est ce qui fait beaucoup ma force. Je travaille également avec nos partenaires privilégiés.

Des regrets après avoir abandonné la culture de la tomate ?

Nous avons effectivement un peu de regret pour avoir abandonné un tant soit peu la culture de la tomate. Cependant, nous ne l’avons pas abandonné totalement.

Dans la vie, il faut varier les activités. Nous n’avons pas laissé totalement la production de la tomate, mais nous n’en produisons plus en grande quantité. Hormis la culture de l’oignon, nous envisageons faire l’ail et le haricot vert. Nous comptons varier notre activité. Surtout le chou en grande quantité.

La culture de l’oignon est donc une activité aisée pour la gent féminine ?

Tout comme les hommes, les femmes travaillent également la terre. Nous pouvons dire que la culture de l’ail, est l’affaire des femmes. Nous partageons les bénéfices de notre récolte à part égale. Il y a le champ collectif  et les champs individuels. Le revenu du champ collectif permet de renflouer la caisse  et les champs individuels sont des bénéfices individuels.

Qu’en est-il de l’anacarde ?

A part l’oignon, chaque membre possède ses propres activités notamment la culture de l’anacarde. Nous pouvons conseiller la culture de l’anacarde aux jeunes malgré la baisse du coût d’achat. C’est une culture pérenne, nous avons le revenu annuel. Ensuite, nous passons à la maraîchère qui est un complément de la culture de l’anacarde. Après les mois d’avril et de Mai, où la campagne prend fin, tout le monde converge vers la culture du maraîcher. Le changement climatique a fait que l’anacarde est devenue une des activités principales des villageois au détriment de la culture du café et du cacao.

Une plaidoirie ?

Nous rencontrons d’énormes difficultés car nos cultures ne sont pas mécanisées. Nous utilisons toujours la daba et la machette. Ce qui fait que  nous avons d’énormes problèmes dans la réalisation de nos champs. Vu le changement climatique, nous avons des difficultés pour acquérir les cultures de rente tels l’igname, la patate  et le manioc. Nous n’en possédons pas en grande quantité. Mais le minium pour notre propre consommation. Pour ce qui est de notre plaidoirie, nous souhaitons la mécanisation de nos champs, plantations et la formation des jeunes et leur recyclage.

Enfin, que le gouvernement ivoirien nous aide. Souvent, beaucoup de promesses et de beaux discours lors des visites d’Etat mais rien à l’horizon.

Réalisée par Clarisse GBAKU