Edito/Rentrée scolaire 2024-2025 : les parents d’élèves face aux défis des frais annexes dans les établissements privés de Côte d’Ivoire

2-9-2024 (AfrikMonde.com) La rentrée scolaire 2024 – 2025 en Côte d’Ivoire s’annonce, encore une fois, avec son lot de défis, touchant aussi bien les élèves, leurs parents, les enseignants que les infrastructures scolaires. Voici des lustres que cette noble idée qu’est la création de l’école a germée dans la tête du philosophe grec Aristote, pour devenir réalité vers l’an 789 par la volonté du roi des Francs, Charlemagne.

Ainsi, l’ouverture des écoles dans tout le royaume, pour seulement les religieux puis les enfants des familles riches, va s’étendre à tous avec une loi contraignante dès 1816. Aujourd’hui, 2 300 ans plus tard, les principaux enjeux auxquels le système éducatif est confronté, sont-ils propres à son évolution ou assistons-nous à l’éloignement de sa vocation première ici en Côte d’Ivoire ?

Rappelons-le, en plus d’instruire et de qualifier, l’école est par essence un milieu où les générations de demain interagissent et apprennent la vie en société.

Les rapports officiels du ministère en charge de l’Education nationale ivoirien, notamment le rapport EGENA-OK2 qui fait un état des lieux complet du système éducatif, laisse entrevoir que L’Etat a mis en place plusieurs initiatives pour son amélioration. Malgré toutes les bonnes volontés, ce système contient des tares qui l’éloignent de la perfection.

De prime abord, la surfacturation dans les établissements privés en Côte d’Ivoire demeure un sujet qui revient régulièrement dans le débat public, soulevant des interrogations sur la qualité des services rendus, la transparence financière et l’équité dans l’accès à l’éducation. L’Etat en affectant des élèves garantit en amont les coûts de leur prise en charge. Mais la plupart des écoles privées, n’hésitent pas à prélever des montants aux parents pour l’inscription ou autres frais annexes au même titre que des élèves non-orientés.

N’est-ce pas là une arnaque, ce double paiement, que subissent tant de familles démunies déjà sujettes à de fortes pressions financières ? La persistance de ce vice laisse transparaître qu’il est le dernier souci d’un cartel de fondateurs d’établissement scolaire obnubilés par le profit à n’importe quel prix.

Ainsi, face à une demande toujours plus forte pour les établissements privés, perçus comme offrant une meilleure qualité d’enseignement, certains en profitent pour augmenter leurs tarifs. Les raisons évoquées font état des coûts de fonctionnement souvent plus élevés que ceux du public, notamment en matière de salaires, de matériels pédagogiques et d’entretien des infrastructures.

Le secteur de l’enseignement privé n’étant pas soumis à une réglementation stricte en matière de tarification, est exposé à une certaine surenchère malsaine. Aussi, pour se démarquer de la concurrence, certains établissements proposent-ils des services supplémentaires (activités parascolaires, voyages scolaires, etc.) qui peuvent faire augmenter les frais de scolarité.

Conséquemment, les familles à faibles revenus sont les premières pénalisées et peuvent être exclues du système privé, ce qui accentue les inégalités. Ce genre de pratique dans bien des cas entraîne la corruption et des détournements de fonds et finira par éroder la confiance des parents.

A l’Etat, déjà au four et au moulin, il incombe de renforcer la réglementation, promouvoir la transparence et enfin sensibiliser davantage les parents aux critères de choix d’un établissement scolaire et de les inciter à comparer les offres, afin de lutter contre toute augmentation frauduleuse.

Au nombre des défis, la surpopulation scolaire talonne la fausse note de la surfacturation. Le nombre d’élèves par classe continue d’augmenter, ce qui nuit à la qualité de l’enseignement et à l’apprentissage individualisé. Qui dit augmentation de la population scolaire dit aussi manque de salles de classe, notamment en milieu rural.

N’oublions pas que les départs massifs à la retraite des enseignants expérimentés créent un déficit en personnel qualifié que les difficultés de recrutement ne pourront qu’accroître. Les inégalités d’accès à l’éducation sont également à prendre en compte. Les élèves des zones rurales sont souvent moins bien lotis que ceux des villes en termes d’infrastructures scolaires et de qualité de l’enseignement.

Certaines écoles manquent souvent de manuels scolaires, de laboratoires et d’autres matériels pédagogiques nécessaires à un enseignement de qualité. On pourrait s’arrêter sur la formation continue des enseignants qui reste essentielle pour améliorer la qualité de l’éducation de la jeunesse, car elle demeure insuffisante dans certains cas.

Aucun enfant ne devrait être laissé à la traîne, fut-il en situation de handicap. Cependant, de nombreux établissements scolaires ne sont toujours pas adaptés pour accueillir les élèves dans de telles situations.

A l’heure du numérique, la Côte d’Ivoire de demain qui se prépare dans les salles de classe aura tout intérêt à accentuer la digitalisation de son éducation. L’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) est malheureusement inégalement réparti, notamment en milieu rural.

Pour relever ces défis, plusieurs actions peuvent être entreprises. L’Etat pourrait augmenter le budget alloué à l’éducation, restructurer la formation des enseignants, généraliser davantage l’accès à l’éducation pour tous, en particulier les filles et les enfants issus de milieux défavorisés, développer les infrastructures scolaires, en construisant de nouvelles écoles et rénovant ceux existants. Promouvoir l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap, enfin développer les TIC dans l’éducation.

« Vous comptez sur votre naissance et vous en concevez de l’orgueil ! Sachez que vous n’aurez ni gouvernement ni évêché si vous n’êtes pas plus instruits que les autres. » Enonçait Charlemagne. La clé de l’émergence se trouve dans le tiroir des bancs de classe.

Par Kakou Nda

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