11-9-2022 (AfrikMonde.com « (…) La morale, la probité et la conscience professionnelle des infirmiers et infirmières ont atteint un degré inquiétant de dégradation dans les structures sanitaires publiques et privées. » A déclaré le Ministre le Ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, Pierre Dimba, le vendredi 9 septembre 2022, lorsqu’il présentait le projet de loi portant création de l’Ordre national des infirmiers et infirmières de Côte d’Ivoire devant la Commission des affaires sociales et culturelles (CASC) du Sénat.
Face aux sénateurs membres du CASC conduit par le président de séance Coffi Michel Benoit, le ministre Pierre Dimba, dans son exposé des motifs a déploré la qualité et la compétence des infirmiers et infirmières qui a atteint, selon lui, des proportions inquiétantes.
« Les rapports d’inspection du Ministère en charge de la Santé révèlent que la quasi-totalité des infirmeries privées des villes et des campagnes sont tenues par du personnel non qualifié. De plus, ces rapports font ressortir que près de 70% des personnels soignants accomplissant à titre permanant les soins infirmiers dans les cabinets médicaux, cliniques et polycliniques d’Abidjan et de l’intérieur du pays, n’ont pas la qualité d’infirmier. En outre, le nombre croissant d’infirmiers diplômés d’Etat traduits devant les juridictions disciplinaires, civiles et pénales pour fautes professionnelles, racket et autres actes délictueux, achève de convaincre que la morale, la probité et la conscience professionnelle des infirmiers et infirmières ont atteint un degré inquiétant de dégradation dans les structures sanitaires publiques et privées. La combinaison de tous ces facteurs influence naturellement la qualité des prestations de soins infirmiers tant dans le secteur public, privé que libéral, exposant ainsi la santé des populations à un danger public et entamant gravement la performance du système sanitaire national… », a-t-il déploré avant de faire remarquer ceci : « le constat évident est que depuis plus d’une décennie, l’effritement progressif des aspects éthiques et déontologiques de l’emploi d’infirmier et d’infirmière est assurément à la base du désordre endémique dans ce secteur professionnel, qui constitue pourtant l’épine dorsale du système national de santé. »
LES GRANDS CHANGEMENTS APPORTES PAR LA CREATION DE L’ORDRE NATIONAL DES INFIORMIERS ET INFIRMIERES DE CÔTE D’IVOIRE. Ce triste tableau dressé le ministre Pierre Dimba indiquera la nécessité expresse dudit Ordre national qui viendra apporter des solutions. « L’exercice de la profession infirmière est organisé par le décret n° 72-148 du 23 février 1972 réglementant l’exercice de la profession d’infirmier et d’infirmière. Par la suite, le décret n°77-500 du 27 juillet 1977 portant statuts particuliers des corps du personnel technique de santé publique et de la population a été pris. De ce qui précède, l’actualisation des textes régissant la profession est nécessaire. Le présent projet de loi a pour objet la création de l’Ordre National des Infirmiers et Infirmières. Il prévoit l’organisation de la pratique de la profession infirmière et le contrôle de son exercice. Il prévoit en outre que l’ordre est chargé, entre autres, de veiller au respect des principes de moralité, de probité et de dévouement, indispensables à l’exercice de la profession infirmière, et à l’observation par tous ses membres des devoirs professionnels ainsi que des règles édictées par le Code de Déontologie des infirmiers et infirmières.
Le présent projet de loi décrit l’organisation en trois types d’organes : le Conseil National de l’Ordre, les Conseils Régionaux, les Conseils Départementaux y compris la mise en place des sections disciplinaires au niveau des Conseils Régionaux et du Conseil National. La section disciplinaire du Conseil Régional statue en premier ressort sur tout contentieux en matière disciplinaire porté devant lui et sur les plaintes formées contre le personnel infirmier. Celle du Conseil National statue en appel sur les décisions des Conseils Régionaux en matière de discipline et en matière d’élection au Conseil de l’Ordre, d’inscription au tableau et de suspension temporaire du droit d’exercer. Le présent projet prévoit les conditions d’inscription au tableau de l’ordre. Il définit également la hiérarchie des sanctions disciplinaires et organise les instances juridictionnelles de l’ordre. Le projet de loi détermine les conditions particulières d’accès à la profession ainsi que les dispositions communes à l’organisation des élections ordinales. L’adoption du projet de loi portant ordre national des infirmiers et infirmières constitue assurément un moyen pour le Ministère en charge de la Santé de garantir la sécurité sanitaire de la population, la qualité des prestations de soins et la performance du système national de santé. »
L’exposé des motifs ayant été pris en compte, les vénérables Sénateurs ont passé au crible les 82 articles que comporte ledit projet de loi avant de le voter à l’unanimité.
Sarah Géneviève
AfrikMonde.com